Film policier americain doublé d'un biopic. Retraçant une partie de la vie du braqueur de banques, John Dillinger, magnifiquement interpreté par Johnny Depp, le film est avant tout un film de gangster a l'ancienne. On retrouve en plus de la camera habile de Michael Mann des references notables et des inspirations subtiles comme The Untouchables, Goodfellas ou plus evidemment le Scarface de Howard Hawks. Veritable hommage a une legende du grand banditisme, le film donne lieu a un impressionnant chassé-croisé entre deux personnalités ainsi qu'a une reminiscence de l'âme d'une certaine l'amerique et de toute une epoque. A travers differents portraits, le realisateur prend le parti d'unifier l'homme et la legende, tantot gangster intraitable, tantot simple quidam, tantot veritable Robin des Bois moderne, mais avant tout un etre humain avec ses desirs et ses demons, veritable rejeton de la prohibition et d'une amerique en proie aux doutes et a une sorte d'espoir biaisé, nouvel ideal et reve americain brisé. La personnalité de l'agent qui le traque, Melvin Purvis interpreté par Christian Bale, n'est pas en reste pour autant, certes un peu moins sublilmé, il n'en demeure pas moins une sorte d'alter ego de l'autre, lui aussi refletant a merveille les deceptions et les espoirs humains de ceux qui avaient une foi presque aveugle en leurs ideaux dans ses années là. Il n'est pas sans rappelé Eliot Ness, Richie Roberts ou encore Serpico par bien des aspects, mais arrive a s'en demarquer sans mal et a venir s'ajouter a cette liste de 'flics' qui ont su marqué leurs epoques. Michael Mann signe ici un film policier fort et poignant, resolument ancré dans l'esprit et l'esthetisme des années 20-30 et pourtant largement aussi aboutit, intelligent et dynamique que ses precedents films, Heat et le controversé Miami Vice...