La Présentation
Punch Drunk-Love est le quatrième film de Paul Thomas Anderson sorti en 2002 avec Adam Sandler et Emily Watson dans les rôles principaux.
Le film raconte la romance de Barry Egan, un jeune entrepreneur dans les ventouses pour WC, traumatisé par ses sept sœurs omniprésentes dans sa vie, et Lena Leonard, une journaliste réservée et collègue de travail d'une de ses sœurs, Elizabeth.
Ils se rencontreront, après que Barry ait trouvé un harmonium abandonné sur le bas de la route, alors que la jeune femme demande à Barry s'il pourrait veiller sur sa voiture en attendant le garagiste qui est juste à côté de son entrepôt.
Sauf qu'une histoire reliée au téléphone rose pourrait troubler la romance entre Barry et Lena …
L'ivresse des débuts
Punch Drunk Love est un film se basant sur une chronique assez farfelue (tournant encore autour du porno, en même temps, Anderson a grandit dans la vallée de San Fernando et le film se déroule au sein de la vallée donc … ) avec un protagoniste Kafkaien et une protagoniste, qui de surface à l'air d'un personnage de récit à l'eau de rose banal pour révéler derrière le masque ... certains fétichismes …
La Réalisation
Le film s'inspire beaucoup de Playtime de Jacques Tati dans les mouvements de caméra (la caméra bouge avec les personnages donnant un aspect effréné aux différentes scènes), la manière de montrer les personnages avec des angles de caméra jouant sur des diagonales pour pointer du doigt la marginalité et l'absurdité des personnages tout en étant formé de nombreux plans-séquences ou de plans longs pour insuffler un côté poétique (on est loin de Tarkovski, mais Punch Drunk Love, profite souvent de ces plans longs où il n'y a qu'Adam Sandler, pour faire monter la sauce et nous plonger peu à peu dans la folie du personnage) au film s'ajoutant aux transitions me rappelant celles de Chris Marker, avec en plus un rapport à la musique qui est exceptionnel, chacun des morceaux ou bruits ambiants fonctionnent à la perfection faisant tout en sorte pour créer une catharsis dans des moments plutôt banals (et non pas lors des événements qui pourraient justement donner cette dose d'adrénaline en intraveineuse à la Tarantino, non, ces scènes sont montrées comme des choses futiles ...) !
Il y a également certaines autres séquences que j'adore dans le film, notamment :
Le plan du début sur l'harmonium qui est filmé comme lors de la scène dans 2001, l'Odyssée de l'Espace où le monolithe s'aligne avec les planètes de notre système solaire.
Le passage dans l'aéroport où la caméra est placée au niveau des hôtesses et où Sandler est filmé de bien plus loin, ce qui nous permet de le voir marcher avec des cadences différentes jusqu'à approcher avec hésitation au moment où il va donner son ticket un peu comme lorsque l'on sert la main d'une personne dans la rue où on a ce moment de réflexion du moment où agir et quoi dire …
Il y aussi le moment où Barry et Lena s'embrassent devant l'hôtel, où Barry commence par tendre la main par peur de se prendre un vent ou par un certain autisme, tandis que Lena se rue sur lui et l'embrasse passionnément, alors que la foule passe autour d'eux pour montrer sans le moindre mot la marginalité des personnages avec le morceau He Needs Me pour nous prendre aux tripes sans avoir un : " Je t'aime ! ".
Au pire rien que les tout premiers plans du film suffisent à montrer l'étendu des intentions de découpage d'Anderson où Sandler est cadré dans un décor vide, dans un coin de loin, recroquevillé sur son bureau pour le montrer le plus petit possible ... de plus, la partie inférieure du mur qui l'entoure est bleu tout comme son costume pour souligner son insignifiance en sachant que le plan est cadré pour créer un cadre dans le cadre autour de Sandler pour donner un côté claustrophobique tout cela réunit, suffit à savoir ce qu'il faut sur le personnage et sa faiblesse émotionnelle, alors que personne ne l'a encore dit !
En effet, Barry a du mal à s'ouvrir aux autres et à gérer ses émotions à cause de ses sœurs qui l'ont humilié toute sa vie, de ce fait, l'harmonium jouera le rôle de catalyseur pour l'aider à enfin gérer ses émotions, sauf qu'il n'est pas encore prêt pour approcher Lena. Alors il contacte le téléphone rose afin d'avoir une compagnie réconfortante, néanmoins, la ligne téléphonique tentera d'excroquer Barry le menaçant de venir chez lui, s'il ne s'exécute pas !
Après coup, Elizabeth forcera encore plus la relation entre Barry et Lena en filmant Elizabeth et Lena entre les ventouses de Barry pour montrer que ses relations se rentrent dedans … le pire est qu'ensuite Lena interagira avec Barry, pour qu'Elizabeth questionne de manière condescendante le fait que son frère apprenne à jouer du piano, pour que Lance, son employer l'appelle, ensuite c'est au tour des gars du téléphone rose, Elizabeth continue en questionnant maintenant pourquoi son frère garde autant de pudding (qui lui sert pour avoir des réductions pour des voyages) …
Tout cela pour montrer tout ce qui le trotte et pourquoi il a l'air d'être une cocotte minute sur le point d'exploser !
Les Acteurs
Comme d'habitude avec PTA, on retrouve certains de ses acteurs fétiches : Luiz Guzman et Philip Seymour Hoffman, étant tout deux comme à leurs habitudes, très bons dans leurs rôles même si c'est Adam Sandler et Emily Watson qui prennent la couronne, car ils sont absolument fantastiques, jouant avec subtilité des personnages qui pourraient très facilement tomber dans la moquerie !
J'irais même jusqu'à dire que Sandler arrive parfois à fleurter avec l'interprétation de De Niro dans Taxi Driver (oui jusque là !), il m'a impressionné et montre que Jack et Jill est une erreur de parcours ...
La Musique
Composée par Jon Brion, nous avons là une B.O tout droit tiré d'un compte de fée convenant parfaitement à cette romance si particulière avec le remix de la musique de Popeye chantée par Shelley Duvall (Shining), He Needs Me !
La Conclusion
Pour conclure, Punch Drunk Love est une des romances les plus touchantes et les plus particulières qu'il m'ait été donné de voir !