Chroniques du Panda, à la quête des calins perdus, volume 10
L'inconvénient des films à fort potentiel WTF-esque, c'est que le temps perdu à se demander où on a mis les pieds, est perdu à jamais pour le premier visionnage.
L'avantage, c'est qu'ils appellent à être vus, revus et re-revus.
Tout comme a pu me le faire un Eternal Sunshine of the Spotless Mind ou, dans un genre très différent, Princess Bride, Punch-Drunk Love a commencé par beaucoup me déstabiliser.
Dépouillé à l'extrême, que ce soit l'image, le son ou le message, on peine d'abord à voir où Anderson veut nous mener.
Puis, fil à fil, se tisse un canevas à la fois très simple et complexe, qui ne cherche pas tant à conter qu'à montrer.
La personnalité de Barry, tout comme l'environnement dans lequel il évolue, se complexifient à mesure qu'on avance, deviennent à la fois plus fouillés et plus fouillis, tout en gardant une ligne directrice nette.
Si je rejoins ma chère consoeur panda sur le côté autiste de Barry, je parlerais quand même davantage de sequoïa que de poil (un poil autiste, disait-elle, pour les rares fous qui n'ont pas lu sa critique).
Je regrette un peu que l'on n'en sache pas davantage sur les brimades qu'il a dû subir étant enfant, entouré de sept soeurs (de mémoire) dont le bref extrait que l'on a suffit malgré tout pour comprendre que cela ait pu quelque peu perturber la construction de sa personnalité.
C'est parfois le cas avec ce genre de films : avec un peu de recul je me demande si la construction narrative et visuelle du film ne traduit pas de façon brute l'état d'esprit de Barry lui-même.
Sa façon de percevoir le monde et de se percevoir lui-même, un peu comme dans une rêverie éveillée.
Cela expliquerait pas mal de choses, du costume bleu récurrent à la structure quasi-labyrinthique de certains lieux, etc...
Nul doute qu'un nouveau visionnage serait bienvenu.
Emily Watson, dont depuis Equilibrium notamment je me dis que j'aimerais la voir bien plus souvent à l'écran, est ici exquise de candeur et de simplicité teintées de folie et donne la réplique à un Adam Sandler qui ne retrouvera probablement jamais un rôle d'une telle subtilité, par choix ou non...
Et la Chloé de 24h chrono, qui ne prouve pas grand-chose sinon qu'elle a sa place au panthéon des acteurs mono-expressifs. Sans réel intérêt.
Le gros bémol à mon sens est pour l'instant à chercher (et après l'avoir vu seulement une fois, je précise donc) du côté de la musique.
Décalage volontaire ou non, elle entretient un malaise qui se marie mal avec le côté onirique et presque féérique de certaines scènes, avec la simplicité et l'espièglerie de l'ensemble.
Non dépourvu d'une facette dramatique avec l'embrouille du téléphone rose, le film tient plus de la romance un peu décalée que du trip sous LSD, or c'est plutôt l'ambiance de ce dernier que recrée la bande-son de Punch-Drunk Love.
C'est dommageable à l'immersion, en tout cas ça l'a un peu été pour moi. J'attache toujours une grande importance à la BO, je l'admets.
J'ai passé un excellent moment, avec ce sentiment bien trop rare et pas du tout désagréable d'avoir raté pas mal de choses et qu'il me faudra le revoir pour en profiter pleinement.
Un film dont je ne doute pas que la note puisse être révisée à chaque fois, et ça non plus ce n'est pas courant.