Un pur produit des années 80, à une époque où on tentait d'adapter des comics anti-politiquement corrects tel ce fameux Punisher, l'un des personnages Marvel les plus extrêmes, je l'ai découvert vers 1977 en lisant mes numéros de Strange Spécial ; j'ai toujours bien aimé les héros badass, qui ne rentrent pas dans le moule, et là j'étais servi, car son job c'est de dézinguer, de buter un max de mafieux pour accomplir une oeuvre de salubrité publique mais surtout pour assouvir une vengeance implacable, dans des scènes violentes de carnage urbain. Le mec ne se pose pas de questions, il fonce dans le tas et balance ses bastos grâce à un arsenal de gros flingues.
L'ennui avec ce film, c'est que les intentions sont bonnes, mais que le résultat n'est pas au niveau de mon attente, d'ailleurs aucun fan n'a revendiqué ce film comme étant une bonne adaptation, le réalisateur est sans doute bridé par un studio frileux qui s'est aperçu que le potentiel de ce comics pourrait faire un bon film d'action, mais qu'en fouillant un peu, il a paniqué car ne pouvant pas montrer trop de violence et surtout l'idéologie qui va avec. Résultat, c'est mou, paresseux, ça n'ose pas, ça ne tient pas ses promesses, en dépit d'un Dolph Lundgren qui y met du sien pour composer un personnage ambigu et assez sadique, mais lui aussi a dû être bridé, on a dû lui dire "Mon petit Dolph, t'es gentil, mais vas-y mollo, faut éviter d'être classé en PGR"...
C'est vrai que Dolph tentait des trucs pas trop mal au tout début de sa carrière, après Rocky IV qui l'avait fait connaître (aussi le Scorpion rouge ou les Maîtres de l'univers, des rôles éclectiques), et ce film aurait pu être SON film, un film de barje aux séquences démentes, mais il a fallu déchanter, on a droit à un vague mélange de polar banal et de western urbain mâtiné d'un brin de fantastique plutôt nerveux mais qui oublie complètement d'exploiter l'ambiguïté schizophrénique et maladive du personnage qui se balade sans cesse sur le fil ténu entre héros et anti-héros. Et le comble, c'est qu'il n'arbore même pas la tenue noire bardée d'une énorme tête de mort qui lui donne l'allure d'un ange exterminateur et qui est la signature du perso comme la chauve-souris est celle de Batman ; à cette époque, les adaptations Marvel étaient vraiment traitées n'importe comment, il faudra attendre Sam Raimi et son premier Spiderman pour qu'un super-héros soit vraiment pris au sérieux. Donc, si vous voulez tenter ce film, vous en ressortirez forcément frustré, surtout si vous êtes fan, car même s'il utilise la présence physique de Dolph Ludgren et un peu de psychologie, l'ensemble reste plat, mal foutu, pas exploité à fond, en gros décevant.