Ils passèrent comme des rois égarés à travers toute leur vie dans des villages appauvris

Un film poignant réalisé comme un documentaire. Watkins nous livre là un grand film, très intelligent.

Ce film nous parle de liberté, d'humanisme, de valeurs. Les prisonniers sont à la recherche d'une vérité sur eux-mêmes et sur le monde. Ils sont des êtres pensants qui décident de vivre de façon alternative, en-dehors de l'injustice des règles qui leur sont imposées. On les condamne pour ces raisons, on condamne leur refus de se plier à la loi implacable. Watkins prend évidemment parti pour ces prisonniers mais sans préférence pour aucun des deux modes d'actions qu'ils nous présentent : à savoir la violence et le pacifisme. A chacun ses avantages et inconvénients, largement explicités tout au long du film.

La forme du film est elle aussi très libre. Watkins s'affranchit du cinéma traditionnel et nous confronte ici à une fiction plus réaliste de par son aspect documentaire. Le caractère fictif du film ne nous écarte pourtant pas de la vérité, bien au contraire. Il faut savoir que certains acteurs sont réellement militants dans la vraie vie. Le film est peu contrôlé, il vit aussi par lui-même, les acteurs auraient apparemment parfois changé leurs répliques, parfois joué différemment de ce qui était convenu, les plans ne sont pas trop travaillés, les décors sont simples... Le spectateur est appelé à prendre parti, à réfléchir à partir des discours proposés, et, pour aller plus loin, à agir dans la vie réelle. On ne sort pas indemne d'un tel film. Au fond, l'intrigue n'est que peu essentielle ; les idées sont plus importantes. Malgré cela, le rythme est relativement soutenu, suffisamment pour préserver le spectateur de l'ennui.

Le fond et la forme sont en fin de compte très proches. L'avancée dans le désert entièrement contrôlée par des brigades de police nous renvoie ainsi à une conception du cinéma dans sa forme plus "classique". L'homme serait esclave du film, obligé d'avancer selon des codes, selon une loi omniprésente qui lui dicterait sa conduite. C'est une liberté sous entraves, une fausse liberté comme celle que l'on propose aux prisonniers. La liberté que propose le cinéma serait donc la même que celle que propose les Etats-Unis symbolisés par le drapeau - objectif principal du périple dans le désert -, le système, qui prétend fraternellement proposer à tous un confort de vie, est trompeur, il aliène plus qu'il libère. La liberté que propose le cinéma serait aussi la même que celle que propose le concept de Punishment Park. Notons que le titre du film et sa forme sont contradictoires, le film n'est pas un Punishment Park, mais plutôt son alternative, sa fuite.

Mais, pour nuancer le propos, un jeune rappelle qu'il faut parfois suivre les règles pour détruire. On ne crée pas à partir de rien. Le mérite de Watkins ce n'est pas d'avoir usé de la liberté absolue, mais c'est d'avoir su utiliser le cinéma de façon intelligente, c'est d'avoir fait les bons choix qui mènent ce film vers une liberté assumée. Watkins nous incite à préserver nos idéaux, nous incite à rester libre et à nous indigner et à ne surtout pas tourner la page une fois l'écran éteint. Face au fonctionnement insensé du système - exposé par les personnages mais aussi prouvé par l'action - il nous incite à donner un vrai sens à nos vies. Cela fait un bien fou.
King-Jo
9
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le 16 août 2011

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King-Jo

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