À la fin des années 80, le cinéma d'horreur s'est trouvé un nouveau genre : les poupées maléfiques. Influencés par Chucky et Dolls, de nombreux petits films firent leurs apparitions comme Dolly Dearest et bien entendu les sagas des Demonic Toys et des Puppet Master, toutes deux créées par Charles Band, la dernière étant la plus prolifique. Le premier volet, sorti directement en vidéo de par le monde en 1989, s'intéresse plutôt à des espèces de marionnettes animées par une formule magique égyptienne qui vont décimer un groupe de parapsychologues dans la vieille demeure de feu leur maître.
Un casting peu connu, un faible budget, des dialogues de nanar et un scénario classique font de ce premier opus un petit film pas très mémorable voire difficilement regardable par moments... Ceci dit, il faut l'admettre, Puppet Master n'est pas désagréable, même avec ses défauts. En premier lieu, les poupées sont bluffantes, aujourd'hui encore. Animée en stop-motion par le génie des effets spéciaux Dave Allen (il a notamment travaillé sur Willow, Hurlements et S.O.S. Fantômes), elles demeurent le clou du spectacle et n'ont pas pris une ride, l'animation restant fluide et travaillée.
Au total, cinq petits tueurs facétieux et muets qui ont chacun leur spécificité : Blade le leader au chapeau feutré et au crochet, Pinhead et ses mains gigantesques pouvant broyer tout ce qu'il veut, Tunneler et son crâne en forme de vis, Miss Leech capable de cracher des sangsues et Jester, plus discret et pas vraiment porté sur le meurtre. Originales, inquiétantes et même repoussantes, elles sont pourtant mal utilisées et apparaissent n'importe comment, le réalisateur David Schmoeller n'arrivant visiblement pas à instaurer le suspense nécessaire pour créer des effets choc. Ainsi, les meurtres ne sont pas vraiment extraordinaires et certains sont même ridiculement cons (celui de Dana la médium un peu loufoque est consternant, avec les innombrables droites de Pinhead dans la tronche, on en rit encore).
Et si vous espériez du gore qui tâche, passez votre chemin, l'hémoglobine se fera rare et enlèvera pas mal d'intérêt aux assassinats plus ou moins originaux (la scène du meurtre post-coït est géniale sur le papier). De plus, en dépit de sa courte durée, le film traine en longueur et se voit étiré par des dialogues ou des scénettes inutiles. Quant au fin mot de l'histoire, il reste tiré par les cheveux et peu logique... Mais ne boudons pas notre plaisir, Puppet Master est l'un des meilleurs films du genre (oui il y en a peu) et arrive quand même aujourd'hui à demeurer un petit film culte qui engendra une flopée de suites à peu près du même gabarit.