Produit simultanément avec « Puppet Master 4 » (deux productions pour le prix de deux ! Y’en a un qui ne va pas cracher là-dessus), le récit reprend exactement là où se termine le précédent volet. Logique. Rick est donc de retour, après que Toulon lui ait transmis la connaissance du secret des poupées vivantes, et il se voit accusé de tous les meurtres du 4. Également réalisé par Jeff Burr, voyons si ce cinquième volet propose de quoi contenter le cinéphile déviant qui réside en chacun d’entre-nous…


Ça commence plutôt mal, avec un recap’ poussif des évènements du précédent, présenté comme un flashback dans la mémoire de Rick, constitué avec les images du 4. Forcément.


« Et hop, cinq minutes de gagnées ! ».


La méthode demeure familière pour Charles Band, certes elle est loin de s’avérer aussi malhonnête que pour « Dollman vs Demonic Toys », mais la logique artistique derrière ce résumé laisse un doute.


À qui peuvent bien se destiner ces cinq minutes ?


Pour Charles Band, la priorité reste certainement de vendre son précédent film. Mais rares doivent être les aventuriers.ères du septième art qui se lancent juste comme ça dans le 5, entre deux curly et un petit rosé pamp’. Avec un titre tel que « Puppet Master 5 », auquel s’accole un « The Final Chapter », il y a quand même peu de chance de tomber dessus par hasard sans s’être intéressé aux premiers. De plus, à l’époque ils étaient surement sur la même étager au vidéoclub.


En plus, regarder ces 5 minutes lorsqu’on vient de se taper le précédent film, et bien c’est chiant. Mais ce qui apparaît inutile pour les spectateurices, ce sont des minutes de gagnées pour Charles Band, car le minutage se dilate et justifie que le scénario fut l’œuvre de 5 personnes. Ce fait en révèle plus sur les méthodes managériales douteuses de la Full Moon, que sur l’intégrité artistique de son gourou sans poche. Au final, lancer « Puppet Master 5 » ça en revient à devoir regarder la bande-annonce du 4, comme ça, ceux qui ne l’ont pas vu loueront la VHS après le 5.


« jE sUiS pRoDuCtEuR !! »


Sinon, le film dans tout ça, et bien il se contente de réutiliser de manière ostentatoire les décors du 4. Alors que ce dernier était rafraîchissant, là ça en devient poussif, par cette suffisance à reprendre son prédécesseur. Même l’histoire est allongée, sans saveur, quand elle ne nécessitait clairement pas deux volets, dont le compteur avoisine les 2 h 41. Pêle-mêle, on retrouve les sous-sols (de la Full Moon), un parking (celui de la Full Moon…) et des sets situés dans les mêmes dispositions que les deux uniques pièces du studio de la Full Moon. Si la mise en scène reste correcte, l’ensemble s’avère bien plus cheap, ce qui, il est vrai, n’est pas sans lui donner un certain charme. [Oui, l’auteur de ces lignes est faible…]


De retour au Bodega Inn (attention aux antivaxx, risque ici de se prendre une bonne dose d’originalité), toujours aussi mal incrusté sur son bout de falaise, « Puppet Master 5 » reprend le même schéma classique que les quatre premiers films. Une série de meurtres décime les gens présents dans l’hôtel, perpétrés à la fois par la grosse poupée démoniaque, qui ressemble à un alien miniature (qui devait servir au projet avorté de Empire Pictures, voir chronique de « Puppet Master 4 »), mais également par les marionnettes de Toulon. Oui, arrivé là, peu importe la cohérence de l’ensemble, il faut des morts violentes, parce que c’est ce que veut le consommateur.


Part intégrale de l’univers, la magie se montre très présente dans le récit, avec toujours la présence de télépathes, ainsi que des communications avec l’au-delà. Le mysticisme, qu’appuie une bande-son juste et réussie, permet au film de tenir la route, et de présenter, sous son vide de fond un ensemble plutôt correct, qui se laisse regarder. Bien en deçà du précédent volet, il n’en demeure pas moins riche d’une volonté de proposer un truc, et pas juste une jaquette.


Jeff Burr se permet même quelques petites audaces, dont la principale réside dans une ambiance très fifties, à laquelle fait écho le dernier acte. Une marionnette, qui n’est pas sans rappeler le robot de « Forbidden Planete », en 1955 donne un aspect S-F, certes furtif, mais bienvenue dans une œuvre qui manque de fulgurances et qui peine à convaincre. Clairement, l’histoire développée entre le 4 et le 5 tenaient en un seul film. Cela interroge sur la raison d’en avoir fait un back-to-back, autre qu’une vive rentrée d’argent pour un investissement moindre.


D’autant plus qu’en 1993 les finances de la Full Moon n’étaient pas vraiment au beau fixe. Durant le tournage, toute l’équipe technique se mit même en grève au cours d’une journée, après que leurs salaires furent revus à la baisse. Eh oui, le monde de la production hollywoodienne fauchée est un triste endroit [im]pitoyable, où tous les coûts sont permis.


Globalement, « Puppet Master 5 » rejoue en substance le 4, sans beaucoup plus d’imagination. Ce dernier semblait bénéficier de moyens, mais ici la réutilisation donne un aspect encore plus pauvre, comme une réalisation de seconde main, un produit d’occasion qui fait feu de tout bois et élève la récup’ en art cinématographique. Voilà, là on se situe au cœur du système Charles Band, et en vrai ça fonctionne plus ou moins.


Mais ça marche surtout parce que les marionnettes sont devenues iconiques. Cela provoque un certain plaisir de les retrouver et favorise l’émergence d’une curiosité, par rapport aux meurtres qu’elles vont commettre et comment elles vont s’y prendre. Les petites briques posées par Charles Band à chaque volet prennent effet. Même au bout de cinq films (pour la saga) et neuf (pour la franchise), un intérêt croissant se crée. Une fascination à la fois naïve et clairement déviante provoque une sorte de jouissivité inattendue à chaque fois que l’on lance un épisode et que l’on entend les premières notes cultes composées par Richard Brand…


Parfois sous-titré « The Final Chapter », « Puppet Master 5 » vient clore la Phase I du PMU, ainsi que l’ultime collaboration de la Full Moon avec la Paramount Pictures, qui jusque là distribuait les films. Ce projet ambitieux de neuf productions en l’espace de cinq ans, installe ainsi un univers étendu qui n’attend plus que de ravir nos rétines dans ce qui se dessine comme la Phase II du Puppet Master Universe…


-Stork._

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le 20 août 2021

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