Puppet Master : Axis of Evil, David DeCoteau, U.S.A, 2010, 1 h 23

Tout commence là où tout a commencé : au Bodega Inn., dont c’est la dernière apparition jusqu’à aujourd’hui dans le PMU. Un jeune homme parle du mystérieux locataire d’une chambre, qui aurait vécu sous le régime nazi, puis fut contraint de quitter l’Allemagne après avoir moqué le Führer lors d’une représentation de marionnettes.


Puis, le plan suivant reprend fidèlement, et avec details, toute l’ouverture du « Puppet Master » de 1989 : mêmes lieux, mêmes personnages, même introduction. Sauf que… la mise en scène est soignée, élégante, l’image est propre, les acteurices jouent correctement, et David DeCoteau, de retour derrière la caméra, se permet même quelques petites audaces visuelles… Toulon se suicide, les espions nazis sont surpris, et au récit de reprendre là où le premier film proposait une ellipse : que se passe-t-il après le suicide de Toulon ?


L’air cultissime de la saga commence, le générique, à l’image du début, se montre sobre et élégant, et se permet même un écran titre qui a visiblement coûté cher. Est-ce qu’à la veille de ses 60 ans et un « Demonic Toys 2 » catastrophique, Charles Band aurait enfin compris qu’un peu de soin apporté à la réalisation d’un projet peut créer un intérêt nouveau ? Surtout à une saga qui se trouve au fond des chiottes de l’exploitation vidéo horrifique ?


Si le logo de la Full Moon Features et ses chauves-souris n’apparaissaient pas avant le début du métrage, il serait impossible de penser qu’il s’agit d’un produit de Charles Band. Tout est soigné, les décors (le film se déroule à Los Angeles durant la Seconde Guerre mondiale) les maquillages, les effets sanglants et bien entendu les marionnettes, plus convaincantes que jamais. Mention spéciale au ninja, qui illustre une volonté de proposer du neuf avec du vieux.


Tel le phœnix, renaissant avec ce reboot inespéré, Charles Band et la Full Moon ressortent une seconde fois de leurs cendres. Et c’est avec une certaine maestria, à laquelle cette franchise n’a jamais été habituée, que s’ouvre la phase III du « Puppet Master Univers » . Alors qu’il n’avait plus rien proposé de réellement intéressant depuis « Retro Puppet Master » onze ans plus tôt, déjà sous la direction de David DeCoteau, qui se révèle être le cinéaste le plus assuré de la franchise. Mis à part un « Curse of the Puppet Master » des plus moyens, il est toujours parvenu à relever un minimum le niveau.


À nouveau bien installé dans son siège de Producteur Exécutif, Charles Band reprend ainsi la main sur sa franchise phare, le titre se voit d’ailleurs affubler un pompeux « Charles Band’s » au-dessus de « Puppet Master », car ça ne rigole plus. Le voilà de retour à bloc, pour étoffer un peu plus un univers qui n’en demandait pas tant, pour contenter des fans qui n’en attendaient de toute façon plus grand-chose non plus.


Si dans le fond le film ne trompe personne, il possède cette petite caractéristique propre aux productions de la Full Moon, qui propose un packaging alléchant, sans vraiment suivre en qualité. Il se démarque grandement, même s’il demeure peu généreux en horreur, et cherche à distiller une ambiance particulièrement travaillée, qui ne se repose pas juste sur le thème principal composé par Richard Band. Il montre les signes d’une production réfléchie et non réalisée dans l’urgence, comme la majorité des objets estampillés Full Moon.


Historiquement aux fraises, en même temps, ce n’est pas vraiment ce qui est attendu de ce genre de films, « Puppet Master : Axis of Evil » joue sur un autre tableau. Dans un univers où la Seconde Guerre mondiale prend vie par le prisme de la pop culture et a très peu à voir avec toute forme de véracité, le récit cherche à développer divers arcs narratifs. Affichant une ambition certaine, car tout n’est pas concentré sur les marionnettes assoiffées de sang.


En plus de faire la part belle aux femmes, ce fut le souhait de David DeCoteau de féminiser un archétype de méchant prévu comme un Fu Manchu d’opérette. Il en fit finalement une espionne japonaise, qui apporte un petit plus à l’ensemble. Le récit propose également une romance, qui contre toute attente s’avère étonnamment crédible. Si l’émotion fonctionne difficilement, prêtant plus à rire qu’à pleurer, il est fascinant d’observer à quel point le film semble être totalement autre chose que ce qu’il est réellement. Telle une œuvre bipolaire, elle passe en un instant de la série A au gros Bis qui tâche, pour plonger dans les affres du Z, avant de se rappeler qu’une histoire suit son cours.


Une petite œuvre surprenante que ce « Puppet Master : Axis of Evil », qui démontre que vingt-et-un ans après, la saga peut encore parvenir à nous cueillir lorsque l’on s’y attend le moins. Bon, ça reste mauvais selon tous les standards, mais pour la Full Moon Features il faut reconnaître qu’un soin tout particulier est apporté à cette phase III, qui pour son commencement place la barre très haute.


-Stork._

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le 21 août 2021

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