Ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire, et il était temps pour l’un des plus fervents et fidèles lieutenants de Charles Band d’écrire la sienne. Toutes ces années à jouer les pantins auront donc finit par payer pour David DeCoteau qui se retrouva parachuté aux commandes de la franchise la plus lucrative du studio. À l’instar des nazis, le réalisateur fera donc dans le révisionnisme en tordant le mythe à sa convenance. Puppet Master III La Revanche de Toulon abandonne donc l’hôtel de Bodega Bay pour nous envoyer dans l'Allemagne nazi, et faire de André Toulon un vieillard philanthrope, loin de la représentation de David Allen qui en avait fait un sinistre dandy à l’accent roumain, plus intéressé par ses sombres desseins que par ses représentations théâtrales qui ne semblait être qu’un modeste gagne-pain. Pour le scénariste C. Courtney Joyner autant que pour Guy Rolfe choisi pour interpréter le marionnettiste (un rôle qu’il avait déjà tenu avec succès dans Dolls de Stuart Gordon), il s’agissait d’éclairer certaines zones d’ombre et d’étoffer le potentiel dramatique du personnage qui apparaît non plus comme l’antagoniste mais bien sous son meilleur jour au côté de ses fidèles poupées réunies au grand complet. Le casting s’adjoint également les services de l’acteur Richard Lynch dans le rôle du commandant Krauser, l’acteur ayant servi de modèle à Blade, même si David Schmoeller avait plutôt Klaus Kinski en tête à l’époque en raison d’une expérience de tournage désastreuse qu’il avait partagé avec lui (Fou à Tuer), d’où le nom de « Kraus ». Si un petit nouveau fait son apparition (Six Shooter, une merveille d’animation), Leech Woman est également de retour au grand désarroi de la Paramount qui espérait s’en être débarrassé pour de bon. Le réalisateur lui offre même les honneurs d’un rôle capitale dans l’intrigue qu’il serait criminelle de révéler mais qui se résumera à une nouvelle mécanique de prédation.
Contrairement à Puppet Master II qui souffrait d’une mise en scène fade et télévisuelle, ce nouveau chapitre bénéficie d’une véritable vision de metteur en scène. David DeCoteau malgré ses 800 000 $ de budget s’est offert le luxe de tourner sur les plateaux de San Fernando Valley ce qui fît grimper l’enveloppe de production. Initialement il est vrai que le tournage était prévu en Roumanie, mais l’instabilité sociopolitique du pays contraint le studio à revoir ses plans et à s’orienter vers la Hongrie. Problème, le climat hivernal particulièrement rude du pays n’était pas adapté aux séquences prévues en extérieur. Finalement, le producteur n’a pas perdu au change tant le travail de reconstitution minutieux permet de faire illusion et d’illustrer un Berlin sous occupation. Le film adopte d’ailleurs une ambiance bien plus sombre et mature que les deux précédents volets ce qui permet au cinéaste de livrer un véritable travail d’atmosphère. D’un point de vue purement formel et esthétique, Puppet Master III restera sans nul doute sa meilleure copie. Grâce aux talents de ses marionnettistes, le réalisateur aura moins besoin de recourir à la stop-motion, d’autant plus à une époque où David Allen commençait à lâcher du lest, atteint du cancer. Mais cela ne viendra pas entacher l’originalité de ses meurtres crapoteux. Avec ses seringues vertes fluo permettant d’insuffler la vie, et ses cadavres ambulants et vindicatifs, le film renvoie ainsi à un autre classique du studio (Re-Animator). Un clin d’oeil plus qu’un élément déterminant de l’intrigue tant le scénariste n’en fait vraiment pas grand-chose et n’explicite pas d’avantage les origines du sérum et du sortilège égyptien remisé à l’aide d’un flash-back destiné à faire du remplissage. Grosso modo, les nazis cherchent à mettre la main sur le secret de André Toulon pour réanimer les cadavres de soldats allemands afin de les envoyer au casse-pipe sur le front russe, tandis qu’à l’inverse, le marionnettiste cherchera à venger la mort de sa défunte épouse en faisant de l’élimination des nazis une lutte du bien contre le mal à même de remporter l’adhésion du public qui verra enfin ces marionnettes sous un angle nouveau.
Le sage pointe la lune, l’idiot regarde le doigt. Alors s’il te faut un guide pour parcourir l’univers étendu de la Full Moon Features, L’Écran Barge te fera découvrir le moins pire et le meilleur de l'oncle Charles Band, le Walt Disney de la série bis !