Sorti en 2012, Pursuit of loneliness écope d'une distribution française tardive, ce qui fut aussi le cas du premier film de son réalisateur, De l'autre côté de la porte. On y retrouve surtout la même approche stylistique, cette manière de mêler documentaire et fiction dans un noir et blanc superbe.


Laurence Trush, cinéaste britannique installé à Los Angeles, suit ici des parcours qui se croisent. Le quotidien d'un hôpital de la ville se connecte à celui des services sociaux et du bureau du curateur. Une femme âgée est décédée et ne semble avoir aucun proche, un homme souffrant d'Alzheimer va bientôt être transféré dans une maison de repos, un autre est mort. Alors qu'on suit presque à rebours le quotidien de Cynthia Ratsch avant sa mort, une enquêtrice lui cherche une famille, le film déroulant en parallèle deux temporalités différentes.


La narration combine captation documentaire et progression dramatique dans un mouvement de va et vient subtil et limpide. C'est ainsi, par exemple, qu'est énoncée la définition du Syndrome de Diogène (accumulation compulsive) avant que le spectateur puis l'enquêtrice en découvrent la teneur. S'il est question d'une sorte d'autopsie de la solitude, l'humanisme des équipes soignantes et des travailleurs sociaux nuance un constat qui pourrait être désespérant.


Aussi, malgré un sujet douloureux, le film est curieusement d'une grande douceur. Cela est également dû à un travail sonore qui dose proximité et éloignement dans une savante gestion des volumes et des silences. Même travail également pour l'image au cadre graphique et au noir et blanc riche de subtils tons clairs.


Le sentiment général est celui d'une mélancolie un peu désabusée mais pas désespérée. Plaçant la nature humaine au cœur de son film, privilégiant une approche artistique rigoureuse et soignée, Laurence Trush filme les solitudes du monde contemporain avec un regard particulièrement original.

pierreAfeu
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes 2016 • Film par film et Les meilleurs films de 2016

Créée

le 8 mars 2016

Critique lue 433 fois

pierreAfeu

Écrit par

Critique lue 433 fois

D'autres avis sur Pursuit of Loneliness

Pursuit of Loneliness
Cinephile-doux
6

Mort à l'hôpital

En noir et blanc, avec des acteurs non professionnels et sur une base documentaire, Pursuit of Loneliness annonce la couleur si l'on peut dire : ceci est un film au plus proche de la réalité,...

le 11 déc. 2016

Pursuit of Loneliness
pierreAfeu
7

Autopsie de la solitude

Sorti en 2012, Pursuit of loneliness écope d'une distribution française tardive, ce qui fut aussi le cas du premier film de son réalisateur, De l'autre côté de la porte. On y retrouve surtout la même...

le 8 mars 2016

Du même critique

Nocturama
pierreAfeu
4

The bling ring

La première partie est une chorégraphie muette, un ballet de croisements et de trajectoires, d'attentes, de placements. C'est brillant, habilement construit, presque abstrait. Puis les personnages se...

le 7 sept. 2016

51 j'aime

7

L'Inconnu du lac
pierreAfeu
9

Critique de L'Inconnu du lac par pierreAfeu

On mesure la richesse d'un film à sa manière de vivre en nous et d'y créer des résonances. D'apparence limpide, évident et simple comme la nature qui l'abrite, L'inconnu du lac se révèle beaucoup...

le 5 juin 2013

51 j'aime

16

La Crème de la crème
pierreAfeu
1

La gerbe de la gerbe

Le malaise est là dès les premières séquences. Et ce n'est pas parce que tous les personnages sont des connards. Ça, on le savait à l'avance. Des films sur des connards, on en a vus, des moyens, des...

le 14 avr. 2014

41 j'aime

21