Après l'immense succès de Pusher, puis la sortie de Bleeder, Nicolas Winding Refn tenta l'aventure américaine avec Inside Job que non seulement il réalisa, mais produisit. L'échec commercial et financier mit le réalisateur dans la panade et pour se rembourser, quoi de mieux que de revenir à ses premières amours, en l'occurrence Pusher. Dont il livra pas moins de deux suites, chacune d'entre elles étant consacrée à un personnage secondaire qu'on voyait dans le premier film.


Pusher 2 nous fait suivre Tonny, toujours interprété par Madds Mikkelsen, tout juste sorti de prison, en conditionnelle. Il veut sans doute se racheter, se refaire une virginité en demandant à son père, le caïd du coin, un boulot. Seulement, ce dernier le méprise, et il lui confie des emplois minables. En plus de cela, il apprend qu'il a eu un enfant avec une prostituée, ce qui va lui mettre un peu plus le sens des responsabilités pour un type qui apparait complètement perdu.


Après son tabassage à coups de batte de base-ball dans le premier film, on se demande comment Tonny a pu survivre, mais c'est justifié dans l'histoire, ce qui explique ses cicatrices sur le crâne. Et pourtant, du chien fou de Pusher, il est passé à quelqu'un de plus calme, toujours incarné par l'excellent Madds Mikkelsen dont on peut dire qu'il n'a peur de rien, jusqu'à se masturber à l'image car son addiction à la drogue l'empêche d'avoir une érection quand il veut coucher avec deux prostituées.
Ceci mis à part, le personnage est devenu beaucoup plus ambigu, mais surtout en quête de respectabilité, non seulement vis-à-vis de son père, qui le traite comme un moins que rien, mais aussi quand il découvre qu'il est devenu père. On voit le changement se faire, cette volonté de s'en sortir, mais malheureusement, on ne quitte pas facilement le milieu dont on est issu. Mais il y a également toute une thématique sur la paternité non seulement entre Tonny et son père, puis quand lui devient père, et ne sait pas comment gérer son fils.
On retrouve aussi dans une courte scène Zlatko Burić, qui incarnait le caïd serbe du premier opus.


Si huit années ont passées depuis Pusher, Nicolas Winding Refn a gardé une certaine continuité avec la caméra à l'épaule qui ne quitte jamais Tonny, mais dans une mise en scène plus léchée, sans le grain à l'image du premier film. De plus, on a encore une scène en boite de nuit, pour la plus sinistre soirée de mariage jamais vue, avec ce travail sur les couleurs, et une bande orignale entièrement indépendante, avec de la techno, du rock, avec souvent des scènes très forte, comme le final, où seule la musique se fait entendre et qui d'ailleurs laisse planer un (mince) espoir quant au devenir de Tonny et de son fils...


Tout comme le premier film, Pusher 2 ne laisse pas une image très positive du Danemark, où il a l'air très facile de se procurer de la drogue, mais grâce à l'interprétation très forte de Madds Mikkelsen, très différente de celle de 1996, le film reste passionnant du début à la fin.

Boubakar
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de Nicolas Winding Refn et Les meilleurs films de mafieux

Créée

le 10 avr. 2017

Critique lue 165 fois

1 j'aime

3 commentaires

Boubakar

Écrit par

Critique lue 165 fois

1
3

D'autres avis sur Pusher II - Du sang sur les mains

Pusher II - Du sang sur les mains
CineFun
10

Le meilleur de la trilogie

après l'avoir revu pour la 8ème fois je me suis dis que j'allais écrire quelques lignes pour expliquer mon admiration pour ce chef d'oeuvre de Refn .Tonny sort de prison et retourne vers son père, un...

le 13 déc. 2023

36 j'aime

11

Du même critique

Massacre à la tronçonneuse
Boubakar
3

On tronçonne tout...

(Près de) cinquante ans après les évènements du premier Massacre à la tronçonneuse, des jeunes influenceurs reviennent dans la petite ville du Texas qui est désormais considérée comme fantôme afin de...

le 18 févr. 2022

44 j'aime

Total recall
Boubakar
7

Arnold Strong.

Longtemps attendues, les mémoires de Arnold Schwarzenegger laissent au bout du compte un sentiment mitigé. Sa vie nous est narrée, de son enfance dans un village modeste en Autriche, en passant par...

le 11 nov. 2012

44 j'aime

3

Dragon Ball Z : Battle of Gods
Boubakar
3

God save Goku.

Ce nouveau film est situé après la victoire contre Majin Buu, et peu avant la naissance de Pan (la précision a son importance), et met en scène le dieu de la destruction, Bils (proche de bière, en...

le 15 sept. 2013

42 j'aime

9