Bon, on passera l'éponge sur le sous-titre relativement foireux (L'ange de la Mort) de ce troisième épisode des narcotiques aventures danoises, sèchement narrées par le controversé Nicolas Winding Refn. Et si je n'attendais pas grand-chose de cette suite, c'est juste que je m'étais encore planté... :mrgreen:
Faut dire que le pitch ne faisait pas rêver, sachant qu'on allait suivre Milo, ce cuisinier serbe pro-Karadzic vieillissant, qui n'a quand même rien d'un Mads Mikkelsen. Mais dès les premières secondes, un ton plus humoristique m'intrigue : on découvre le trafiquant bedonnant qu'on a bien du mal à croire s'épancher, sérieux et motivé, dans une réunion de toxicos-dépendants anonymes à nuques longues. Sauf qu'on verra plus tard que le gars cherche vraiment à décrocher, malgré le fait qu'il continue à dealer et se fera même refourguer par la nouvelle génération aux dents longues des ecstas en lieu et place de sa dope habituelle... Son sevrage expliquant sans doute ses difficultés à cuisiner correctement au point de rendre malades ses hommes de main, ou pas... C'est plutôt marrant, mais pas très bien géré par le réalisateur je trouve. On n'y croit pas vraiment. Le seul véritable hic du film selon moi.
En gros, il s'est fait entuber, et plus qu'il ne le croit, ne pouvant désormais plus compter que sur lui-même pour régler l'affaire qui évidemment tournera mal - lui qui n'y connaît rien en drogues synthétiques - comme pour gérer l'anniversaire de sa fille, avec laquelle il entretient des rapports très... professionnels ; comme ceux qu'il entretiendra bientôt avec son nouveau beau-fils. Mais Milo aime sa fille. Sauf que c'est pas toujours facile de ne pas replonger avec ce genre d'entourage.
Sur le fond, j'ai trouvé ce volet plus intéressant, notamment la séquence sur la prostitution via le réseau qui s'invitera sous son toit. Un réseau polonais tentant de vendre une mineure mise en esclavage qui, chose étonnante, n'intéressera pas la mère maquerelle qui pour le coup aura l'air plus "humaine". Mais ne nous leurrons pas, ce sont les affaires qui priment, c'est juste qu'il lui faut de la marchandise majeure et motivée à la dame. Il lui faut de la "consentante", si j'ose dire. L'occasion pour Milo de montrer à son tour une facette plus "humaine". On constatera d'ailleurs par la suite son besoin de drogue afin de supporter certaines atrocités. De toute façon, c'est là l'objectif premier du réalisateur, qui à chaque fois se débrouille pour nous montrer la complexité même des plus gros salauds...
Enfin, un petit rappel au sujet de certains policiers véreux, de sympathiques retrouvailles avec son ex-bras droit (excellent personnage) reconverti restaurateur, un twist surréaliste auquel on ne s'attend pas du tout, de l'humour noir sous forme de racisme ordinaire ("Ah ! Un albanais, ça va !"), un cochon pendu et une séquence gore inattendue, appuieront finalement un résultat plus captivant de mon point de vue, malgré un épilogue - comme dans le 1 - peut-être un peu lâche.
Moins axé "action", Pusher III s'avère donc plus psychologique, se concentrant avant tout sur le personnage principal que la caméra - plus immersive que jamais - de NWR ne quittera jamais bien longtemps. Une trilogie homogène et efficace en tout cas.