À cause de son humour satirique hystérique, "Putney Swope" constitue une expérience de visionnage vraiment très inconfortable. D'entrée de jeu le parti pris du réalisateur Robert Downey Sr. prend à la gorge : il a décidé de doubler lui-même le protagoniste avec une voix gutturale grotesque, difficile de passer outre, de quoi pourrir vraiment tout le film. En plus de cela, le film se pare d'une tonalité humoristique très arty, genre contre-culture intello des années 60, qui vise un public de niche assez restreint il me semble, en tous cas quelque chose qui m'a fait me sentir exclu du délire n'y étant pas rentré initialement.
Pourtant le concept est drôle a priori : un conseil d'administration d'une grande boîte de pub élit le seul noir du groupe par hasard — ne pouvant pas voter pour eux-mêmes, ils ont tous voté pour celui qu'il pensait incapable de gagner. Le changement ne tarde pas à se manifester, le nouveau directeur licencie presque tout le monde et engage tous ses amis en tant que conseillers. De cet accident électoral découle une transformation des méthodes de management assez drastique, et pour ainsi dire difficile à suivre. Tout ce que j'ai pu comprendre, c'est que la nouvelle approche rencontre un certain succès et semble inquiéter des personnes haut placées.
La satire reste quand même très informe, j'ai eu tout le mal du monde à suivre les nombreux délires que semble suivre Downey Sr. avec la multiplicité de manifestations surréalistes. Ça parle en vrax de l'image des afro-américains et de la corruption, entre deux séquences vraiment mal foutues qu'on croirait sorties d'une série B obscure, avec de temps en temps une pub hallucinante en couleur. Une femme fait la promo d'une climatisation dans une ruelle sordide, des hôtesses d'une compagnie aérienne sautent sur un matelas gonflable avec les seins nus, il y a aussi des céréales et une crème pour la peau... Le tout emballé dans un certain sens de l'obscénité, drôle sur le moment, mais assez peu constructif globalement. C'est vraiment de l'humour à l'arrache, il y a clairement de l'audace mais la lourdeur du geste est impossible à contrebalancer. Suivre un quelconque fil conduire relève de l'épreuve herculéenne étant données toutes les zones de flottement. Politiquement incorrect, mais d'un absurde abscons surtout.
Mon petit plaisir personnel : Antonio Fargas dans un de ses premiers rôles.