Puzzle ou la sincérité à l'état pur

J’ai eu la chance de remarquer à temps un KissKissBanKBanK ( système de crowdfunding) et c’était la première fois que je me lançais dans le projet de quelqu’un que je ne connaissais pas personnellement. Mais le réalisateur Nicolas Berno m’avait déjà tapé dans l’œil pour ses participations avec le collectif Golden Moustache mais surtout son précédent court "Papillons" qui a été un véritable « match » artistique (enfin unilatérale bien sûr) ... c’est toujours un plaisir quand on a la sensation qu’un artiste parle directement à votre être au travers de son œuvre et que tout résonne et prend sens… vous comprendrez aisément que je n’ai pas hésité à me lancer et à mettre le paquet (enfin aux vues de mes revenus j’ai fait ce que j’ai pu quoi) dans ma participation. Hééé bien on peut dire que ma première expérience en tant que mini-productrice a été totalement payante... je suis tellement fière d’avoir participé à ce projet vibrant.

Par quoi commencer… la chose indispensable (mais pas nécessairement suffisante) pour faire une œuvre artistique.. de la sincérité ! Elle permet ce lâcher prise à l’écran qui fait que ça ne peut pas mal passer auprès des spectateurs. Pour avoir également tenté l’aventure du court sur un sujet très personnel, je ne peux qu’être empathique et saluer le courage de Monsieur Berno. On sent le projet qui doit absolument se délivrer de son auteur, qu’il faut accoucher par tous les moyens même si le prix à en payer c’est de s’exposer nu comme un ver aux yeux de tous, et dans le plus simple appareil on est vulnérable à tout … mais si ça s’additionne à une authenticité pure… on obtient Puzzle… et c’est magnifique.

Puzzle n’est cependant pas parfait, et je pense que lorsqu’on se dévoile comme ça, on attend la même sincérité en retour, pas uniquement l’étalage de compliments mais au contraire un avis objectif et franc. La texture tant visuelle que sonore est magnifique, le tempo est juste et efficace et le jeu de l’acteur principal, qui se trouve également être le réalisateur, est désarmant de justesse. Je dois dire que je suis toujours en admiration devant ceux qui maîtrisent autant les deux côtés de la caméra, l'exercice doit être périlleux et schizophrénique.

Cependant, j’ai été frustrée car le travail de métaphorisation, le peu de considération pour la mise en place de repères trop évident pour les spectateurs m’avait séduite mais c’est comme si en cours de route il y avait eu une hésitation et un pas de côté. Cela s’est traduit par la mise en place d’éléments moins subtiles, lancés tel des bouées aux spectateurs qui se seraient perdus en chemin.. très égoïstement j’aurais tendance à dire .. mais tant pis pour eux ! J’aime qu’un artiste me défie, me fasse réfléchir, me rende actif dans son œuvre, donc sur ce point malheureusement une petite sortie de route en fin de parcours.

Bref j’en redemande et je suivrai les projets de près en espérant pouvoir encore modestement y participer.