Mon ami, frère de coeur et éclaireur commence toujours ses critiques par une contextualisation. Pour ma première tentative de critique (soyez indulgents ça fait des mois que je n'ose me lancer) je lui rend hommage en faisant de même.
Il y a des films qui lors de leur sortie poussent à s'y rendre en meute, c'est le cas de Joker. Quelques amis, pourtant peu enclins à se rendre dans les salles obscures, m'ont contacté spontanément (ça change, d'habitude c'est moi qui harrangue pour les cinoches) pour qu'on s'y rende de concert. Frileux de sortie ciné, ils le sont principalement car ils trouvent que les salles les plus proches de chez eux sont souvent peuplées de personnes au comportement bruyant et peu civique.. qu'à cela ne tienne nous y allons d'un pas décidé car on sait déjà que ce film va nous remuer. En effet, la salle était plus que comble 20 min avant même le début de la séance... pourtant je peux vous assurer que durant la séance, les seuls bruits qui me sont parvenus sont ceux du paquet de mouchoir que mon amie de gauche ouvrait à mon intention et ceux des applaudissements (fait assez rare que pour le souligner) quelques secondes (celles nécessaires pour essayer de digérer ce qu'on vient de se prendre en pleine poire) après la fin du film.
Ca faisait longtemps que je n'avais pas été aussi transportée devant un film. "Transportée" le mot est volontairement ouvert car j'ai ressenti une multitude d'émotions; j'ai beaucoup pleuré c'est indéniable, j'ai un tout petit peu ri, j'ai tellement mais tellement réfléchi et surtout j'ai angoissé pour ce personnage tout le long; ouais j'ai eu tout ça dans un seul film.
Il m'arrive d'être dubitative voir carrément hautaine (je le reconnais) vis-à-vis de certaines performances d'acteurs adeptes des transformations physiques clinquantes. Je trouve que malheureusement, il arrive trop souvent que l'effet visuel d'un changement radical masque des performances de jeu qui pechent. Pourtant le public excuse toujours ces manquements tout médusé qu'il est par une perte ou un gain de poids considérable et il se met dès lors instantanément à crier à la statuette doré. Parce que oui ce genre de rôle fleure tellement la récompense du monsieur tout nu et tout doré que ça en devient nauséabond pour ma part.
Mais ici, bon sang... les deux sont impressionnants alors oui je me joins pour une fois à cet effet et donc oui ! je vote et prie pour que joaquin la remporte cette statuette. Il la mérite déjà depuis un sacré bout de temps, alors soyez pas juste commode et allez y cash, il mérite d'être récompensé car il a su montrer, en tous les cas c'est mon avis, la substantifique moëlle de son merveilleux métier.
Bien qu'il porte l'essentiel de ce film, il n'y a pas que Joaquin qui soit remarquable dans Joker. La déconstruction systématique, implaccable, mécannique du peu de points d'encrages de ce personnage à une vie déjà tellement dévastée est présentée de façon habile. Je m'étonne moi-même que ce systématise dans l'annihilement de ces multiples points de sauvegarde ne m'irrite pas, j'ai trouvé ça fluide, équilibré et d'une parfaite justesse.
Je pense qu'on ne peut passer à côté de mon émerveillement devant ce film, dès lors j'ai décidé de ne pas le polluer en arguant pourquoi je ne suis absolument pas d'accord avec une quelconque apologie très souvent évoquée au sujet de ce film.