Remplir sa vie

Puzzle n'est pas le genre de film à se mettre en valeur. Une photo très grise et franchement terne qui n'offrent que peu de moments plus lumineux, ou même de contrastes, un ton systématiquement empathique sans éclat de voix, pas de moments iconiques ou même mémorables... le glamouromètre restera à zéro dans ce pur produit d'un cinéma indé américain assez hermétique.

Ce n'est pas la faute l'excellente de Kelly MacDonald qui donne beaucoup d'émotion et de retenu à son personnage de mère au foyer sacrifiée et invisibilisée par les hommes de sa famille. Dans un récit d'émancipation tout en douceur, cette femme trouvera une forme d'évasion à travers les puzzles, sorte de métaphores, finalement assez peu exploitées, du hobby hypnotique, de l'échappatoire qui permet à la fois une déconnexion et le sentiment d'un accomplissement et d'une fierté personnelle.

Au cœur du film se trouve une réflexion réussie sur l'idée de quoi faire de sa vie, mis en relief par le parcours erratique et naïf de ses fils en fin d'étude ou au début de leur vie professionnelle. Ils se confrontent comme la protagoniste au conservatisme et à l'absence de perspective qu'offre un patriarche pataud. Une structure et des enjeux familiaux un tantinet clichés mais toujours d'actualité. La résolution viendra forcément par l'affirmation par ces personnages de leur volonté face à ce conservatisme ambiant.

Sa rencontre avec son partenaire de compétition riche et désœuvré incarné par le regretté Irrfan Khan , si elle fait parti de son rite d'émancipation, est en elle-même une histoire d'amour à laquelle on ne croît qu'à moitié.

Au final, on ressort du film plutôt bien imprimé par le discours de l'auteur, voir même charmé par le personnage d'Agnes, mais aussi très peu émerveillé par la manière de le montrer ni chamboulé par un récit plutôt plat et monochrome. Dommage.