Don't Go in the House, premier long-métrage de Joseph Ellison, jouit depuis sa sortie en salles, au début de la décennie 80's, d'une certaine notoriété auprès des initiés bissophiles (Quentin Tarantino le mentionnant comme l'un des films les plus perturbants qu'il ait pu voir). Victime de la censure, subissant diverses coupes dans plusieurs pays au cours de son exploitation au cinéma, puis en vidéo, cette série B fut réalisée, détail loin d'être anodin tant ces deux films se nourrissent des mêmes influences, quelques mois avant le culte Maniac. Enfin, pour ajouter un peu plus à la confusion, Don't Go in the House fut renommé en France sous le titre, Pyromaniac, une réinterprétation très libre cachant sans aucun doute le souhait des distributeurs hexagonaux de vouloir avant tout profiter, postérieurement, du succès du premier long-métrage de William Lustig.
Pour sa première réalisation, Joseph Ellison indique clairement sa principale source d'inspiration, Psychose du maître Alfred Hitchcock, dont le scénario, adapté du roman de Robert Bloch, s'inspirait quant à lui de l'histoire du tueur en série Ed Gein arrêté en 1957. Maltraité durant son enfance par une mère castratrice, tueur en série accusé de nécrophilie, profanateur de tombes dont la ferme familiale cachait des habits et autres ustensiles de décoration en peau humaine, les sinistres méfaits du « Boucher de Plainfield » exercèrent une influence macabre dans la littérature et le cinéma d'horreur de la deuxième moitié du XXème siècle : du faux biopic Deranged à Leatherface et sa famille cannibale de Massacre à la tronçonneuse, de Norman Bates de Psychose à Buffalo Bill du Silence des agneaux, de Donny Kohler de Don't Go in the House à Frank Zito de Maniac. Dont acte.
Pyromaniac doit sa réputation, et son odeur de soufre, au premier meurtre incendiaire perpétré par Donny Kohler. Seul et unique mise à mort filmée explicitement par Joseph Ellison, ladite scène n'a pas fini de faire couler beaucoup d'encre, encore aujourd'hui, tant y est conviée la quintessence d'un cinéma d'exploitation crapoteux, supposé flatter les plus bas instincts d'une tripotée de voyeurs venus se repaître de leur dose d'amoralité sur pellicule. Une jeune femme nue est enchainée dans une pièce métallique, avant que Kohler, malgré les supplications de cette dernière, ne lui verse de l'essence, et ne l'embrase avec un lance-flammes. Malsaine, cette exécution de la jeune fleuriste Kathy Jordan (Johanna Brushay) est pourtant davantage à considérer comme l'expression d'une violence cathartique, que la manifestation d'un(e) complaisant(e) sadisme/misogynie de la part du réalisateur. En dehors de cette scène volontairement choc, la dérive meurtrière du personnage principal s'écarte de la mode naissante des slashers et de son contractuel catalogue morbide en filmant sous tous les angles, et situations possibles le supplice des malheureuses victimes du tueur en série. Rien de cela ici.
A l'instar de Maniac, auquel il partage de nombreux points communs (coïncidence ou non, la mort de Frank Zito fait écho clairement avec celle de Donny Kohler), Don't Go in the House n'est pas l'histoire d'un croquemitaine ou autre père fouettard martyrisant des jeunes à l'activité sexuelle débordante. Joseph Ellison s'attache au contraire à décrire la mentalité torturée de Donny Kohler, en lutte contre ses démons intérieurs. Film à l'atmosphère sombre, sinon dépressive, celui-ci se démarque enfin par son absence d'humour, ou d'une quelconque empathie, à l'exception de Kathy Jordan, pour ses rares personnages secondaires (Bobby ou le prêtre). Nihiliste.
Réalisé avec un budget minuscule, thriller psychologique dans sa majeure partie, proche sur le fond de Henry: Portrait of a Serial Killer (inspiré quant à lui par le tueur en série Henry Lee Lucas), Don't Go in the House peut compter sur l'interprétation nuancée du débutant Dan Grimaldi (futur Patsy Parisi dans les Sopranos), et sur la participation aux effets spéciaux du pyrotechnicien Matt Vogel (L'ange de la Vengeance d'Abel Ferrara, Vigilante de William Lustig, ou C.H.U.D de Douglas Cheek), et du compositeur Richard Einhor, responsable l'année suivante de la musique du slasher signé Joseph Zito, The Prowler. On restera par contre plus mesuré sur l'argument paranormal final et l'origine des voix entendues par Donny Kohler...
Don't Go in the House aurait sans doute gagné à s'affranchir un peu plus de son modèle Hitchcockien. Qu'importe. Joseph Ellison met en scène un troublant long-métrage, six ans avant le chef d'œuvre de John McNaughton.
http://www.therockyhorrorcriticshow.com/2017/10/pyromaniac-dont-go-in-house-joseph.html