"Hey Francis, pourquoi il danse l'Africain ?" "Tais toi et passe moi les cartouches !"
Roh la la, je soupire devant un tel synopsis. C’est la grosse comédie française qui tâche, la vraie, celle qui fait la gloire de notre cinéma hexagonale et qui fait rire dans les chaumières, tout en se faisant se dire « mais au fond, comment je réagirais si j’étais dans cette situation ? ». La présence de Clavier n’est pas ici pour rien, c’est probablement le gros objet de divertissement national de l’année. Aussi traîne-t-il sa mine déconfite à chaque regard qu’il pose sur ses gendres, et que les remarques pointues fusent en s’appuyant sur les gros gros clichés des communautés. C’est à ce jeu que le film se révèle finalement drôle : il en accumule tellement, et les assène avec une telle gratuité (le chinois lèche-cul souriant, le juif qui répète « sa race ! »…) qu’on est sans arrêt dans une espèce de catch de celui qui aura le plus gros, le tout cohabitant finalement assez bien avec l’esprit complètement bon enfant et fraternel qui poussera, on le sait déjà, tout le monde à faire le gros câlin car c’est ça la France, la liberté, l’égalité et la FRATERNITE. Car devant ce genre de film, on se plaît à croire aux théories de la campagne anti-FN via des comédies innocentes à fort message social. La séquence de la Marseillaise, chantée par toutes ces communautés la main sur le cœur. J’aurais souhaité voir ce genre de scène sous un angle cynique, mais le contexte de navet franchouillard inoffensif parvient à la rendre drôle. Malgré son petit postulat polémique, lui aussi complètement inoffensif (en fait, toutes les communautés sont racistes les unes envers les autres), c’est constamment la bonne humeur et les gags clichés qui portent l’ambiance régressive de l’objet. Sans toutefois s’éviter quelques passages lourdingues (le prépuce bouffé par le chien, pour donner une idée du niveau où peut descendre le film, heureusement, le reste est quand même plus élevé). Mais voir Clavier qui coupe du bois pour se passer les nerfs, et surtout la famille africaine du futur époux qui se livre à du racisme anti-blanc complètement gratuit également, ça frôle le jubilatoire. La confrontation, attendue, est un régal de beauferie, un vrai plaisir coupable à elle seul, où chacun y va de sa mauvaise foi pour faire capoter le mariage. Mais autour d’un verre de calva et d’un steak frite, c’est les gloussements complices et les tapes dans le dos qui arrivent, et au final, dans la beauferie franchouillarde, on se rend compte que la vie est belle et que c’est pas si mal. Difficile de dire que j’ai aimé, mais impossible de nier que l’outrance ne m’a pas fait rire. Loin du niveau merdique d’un Les profs, les clichés à la chaîne finissent par payer, et on ne s’ennuie pas un instant. On peut en revanche déplorer l’usage de clichés énormes pour le façonnement du scénario. Nos tourtereaux ont beau tenter d’y insuffler des sentiments, le pseudo-capotage du dernier moment et les rares tentatives sentimentales sont des échecs complets (mais on n’est pas vraiment surpris, on rigole de clichés, mais on en utilise d’autres pour être un peu sérieux). Et nous voilà en face d’un truc un peu inavouable, complètement lourd, mais qui retrouve l’humour gras de la sympathique comédie française. Foi de naveteur, malgré mon envie de le démolir, je lui trouve une sympathie inattendue.