Après un troisième visionnage, il était grand temps que j’écrive une bafouille sur ce film que j’adore. Un note parfaite par pure gourmandise car il reste délectable même quand on se ressert. Malheureusement il y aussi quelques coquilles qui traînent ça et là dans le scénario et qui agacent un peu
(notamment la tentative de Blanche pour se faire remarquer par sa voisine qui amène un faux suspens et surtout on se demande pourquoi elle ne retente pas le coup deux heures plus tard ou le lendemain!)
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Mais bon, voilà, ma bafouille n’a pas volonté de relever les petites choses qui ne vont pas, mais bien tout le reste qui va très bien, je vous remercie. Déjà il y a ce duo d’actrices hors norme. Davis vs Crawford. L’oscarisée et l’ex pin up en besoin de reconnaissance. Et au centre de tout cela un pauvre Aldrich qui a dû en voir de toutes les couleurs sur le plateau ! Je vous invite à regarder la superbe série « Feud » à ce sujet, qui parle quasi exclusivement du tournage de ce film et de ces affres. Même si la série est vraisemblablement pas mal romancée et extrapole un peu ce que pouvait être la relation des deux actrices, elle donne un nouvel angle d’attaque à ce film et c’est jouissif !
Baby Jane et Blanche Hudson sont deux sœurs aux destins liés dans l’amertume et la souffrance. L’une perverse et complètement fêlée tente de revivre sa gloire enfantine perdue, et l’autre, victime par excellence, est prisonnière dans son corps et dans sa tête. Les scènes d’affrontement entre les deux sont excellentes. Davis en fait des tonnes, elle est vraiment extraordinaire. Personne n’aurait pu jouer Baby Jane comme elle, outrageusement grimée, chantant comme une casserole, oscillant entre le pathétique et la folie pure. Et Crawford est de son côté parfaite, j’y peux rien, je l’adore, avec son regard qui crie « Pitié aimez-moi ! ». Elle endure, elle courbe l’échine, elle pardonne.
Cette rencontre improbable et unique de ces deux incroyables actrices est au service d’un scénario en or. Même si on peut penser que la montée peine à venir, c’est sans compter sur sa fin, véritable apothéose dramatique. C’est elle qui donne au film tout son sens.
« Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? » explore donc la rivalité de deux sœurs, mal élevées, l’une en prodige, l’autre en outsider. Elles deviendront deux femmes cabossées, qui malgré une vie commune, n’auront fait que se passer à côté. Jalousie et rancœurs leur feront oublier que, finalement, elles auraient pu tout simplement s’aimer.