Premier long-métrage de Léa Fehner, Qu'un seul tienne et les autres suivront a vu le jour grâce au Prix Junior du meilleur scénario obtenu en 2007, récompense créée en 1998 et permettant à de jeunes scénaristes de porter leur script à l'écran.
A la manière d'un film choral, Qu'un seul tienne et les autres suivront s'intéresse à un trio de personnages sans liens apparents, mais qui, sans le savoir, partagent une même douleur, un même mal de vivre. Ainsi, une mère confrontée au meurtre de son fils, une jeune fille découvrant l'amour auprès d'un garçon instable et un jeune homme à qui l'on fera une proposition qu'il ne pourra pas refuser, vont se retrouver malgré eux dans le même lieu, au même moment, lors d'une confrontation finale où se jouera leur avenir respectif.
Réalisé sans fioritures et pouvant paraître parfois un peu austère, Qu'un seul tienne et les autres suivront ne juge pas, ne critique rien, et ne condamne encore moins les choix de ses personnages complexes et torturés. Le film fait le choix de laisser de nombreuses questions en suspens et de montrer les faits avec le plus d'objectivité possible, tout en faisant preuve d'une véritable tendresse envers ses protagonistes.
Evitant soigneusement le pathos malgré une ambiance froide et pesante, Qu'un seul tienne et les autres suivront touche plus d'une fois au coeur, vecteur d'une émotion brute, jusqu'à atteindre un degré d'intensité tout bonnement incroyable dans sa dernière ligne droite. On ne pourra qu'applaudir l'implication des comédiens, tous impeccables et d'un naturel confondant, dont on retiendra surtout le magnétisme de Marc Barbé et de Reda Kateb.
Bien qu'accusant quelques longueurs et pouvant rebuter par son ton dépressif, Qu'un seul tienne et les autres suivront est un premier film sacrément prometteur, une radiographie amère mais impartiale d'une société déshumanisée où il est de plus en plus difficile de garder la tête haute. Un bel uppercut porté par un casting prodigieux et qui révèle une jeune cinéaste à suivre.