rhétoricalement et artistiquement prometteur
(...) Difficile effectivement d’éviter la comparaison avec LA HAINE. Noir et blanc granuleux, personnages stéréotypes mais loin des archétypes, fiction simple et directe. Pourtant, si le titre du film de Kassovitz évoquait un esprit rebelle et marginal, en marge de la société et de ses instances, il n’en est rien du film d’Abd al Malik, qu’on aurait presque pu nommer La Tolérance. Il n’y a pas de rupture avec le discours politique habituel du rappeur, dont on se sent obligé de citer l’une de ses très nombreuses interventions : « il ne faut pas voir la diversité comme une tare mais comme un cadeau ». Avant d’être un film de banlieue, QU’ALLAH BÉNISSE LA FRANCE c’est un film sur la France. Un film sur la France black-blanc-beur, sur la solidarité, sur le profond et indispensable multiculturalisme de cette cohésion. Le film d’Abd al Malik est bel et bien une œuvre patriotique, prônant des valeurs morales, certes dictées par la religion, mais dont l’universalité et l’intelligence bâtissent le discours de son auteur. Le caractère candide, si ce n’est utopique, de ce paradigme social que propose Abd al Malik peut alors paraitre être repoussant, dans le meilleur des cas, optimiste.
Ce n’est pas seulement l’idée d’une France unie qui traverse le film d’Abd al Malik, c’est aussi celle d’une banlieue respectée, d’un Islam accueilli. En somme, de bonnes attentions, mais la parole est-elle bonne ? Il faut dire d’emblée que la mise en scène de QU’ALLAH BÉNISSE LA FRANCE ne brille pas par son originalité. Malik a même été jusqu’à récupérer Pierre Aïm, chef opérateur de LA HAINE, pour faire la photographie de son film. Prisonnier de ses influences, et même de ses contre-influences – dans sa fonction d’anti-SCARFACE – le film de Malik ne surprend jamais. Il avance, prévisible et formaté dans son originalité. Réponse un peu tardive à Kassovitz et à De Palma, il n’en demeure pas moins propre : Malik sait filmer ses personnages, sait filmer son quotidien et celui de ses proches. Il peine un peu plus à capter l’émotion, principalement soutenue et portée par sa brillante plume, mais l’ensemble est très loin d’être désagréable. Le noir et blanc sublime et le jeu de lumière et d’ombres omniprésent en sont les principaux garants (...)
L'intégralité de notre avis sur QU'ALLAH BÉNISSE LA FRANCE, sur Le Blog du Cinéma