C’est la quatrième opus tiré du livre de W.R. Burnett « Saint Johnson », dont l’histoire est une lointaine inspiration du conflit des familles Earp et Clanton et du "Gunfight at OK Corral ». Les trois premiers sont : Law and Order de Edward L. Cahn, 1932 ; Wild West Days, de Ford Beebe et Clifford Smith, 1937 ; Law and Order de Ray Taylor, 1940.
Dans cette dernière version de Nathan Juran, une serie B très sympathique, la trame est bien La loi et l’Ordre, mais il est remarquable que cette thématique est défendue ici dans son interprétation la plus éthique.
Cela commence avec un marshall qui poursuit un bandit dans les collines, le fait prisonnier en faisant attention à ne pas le tuer, et même, quand son prisonnier se rebiffe traitreusement, il garde son self contrôle, puis le conduit en prison et finalement le protège de la foule qui veut le lyncher, en allant jusqu’à blesser un des "honnêtes citoyens" surexcités.
Après cela, le heros devient rancher par amour et il n’acceptera de revenir au maintien de l’ordre dans la petite ville voisine, tyrannisée par un clan familial puissant et qui contrôle le sherif, que parce que son frere y est tué lui-même en tant que marshall. Et là, son premier geste est d’interdire les armes à feu.
Enfin, un autre de ses frères, le plus jeune, ayant tué un bandit qui le provoquait, il le pourchasse pour le ramener en prison afin qu’il soit jugé. Notons que son obéissance à la Loi ne l’a pas amené jusqu’à tirer sur son jeune frère : « Jamais je ne le ferais », lui dit-il, y compris quand celui-ci le blesse.
Le "gunfight final" est sans coups de feu : c’est une une bonne bagarre aux poings et aux pieds, puis le méchant est victime à la toute fin d’un accident de la route avec une diligence, tandis que le shérif félon prend la fuite.
Ce marshall est joué par Ronald Reagan, sa promise par Dorothy Malone, le frère du marshall par Alex Nicol, le chef du clan adverse par Preston Foster (qui a "une main de fer", une prothèse), un des ses fils par Dennis Weaver, tous acteurs excellents dans leurs rôles.
Le rythme est enlevé, captivant et les adaptateurs se sont fait plaisir, ainsi qu’à nous, avec des punchlines à la chaîne, très drôles, notamment avec un croquemort qui suit les protagonistes là où ils vont tant que « parle la poudre » (sinon il ne gagnerait pas sa vie, dit-il) ou encore une saloon girl qui extrait publiquement son derringer de sa jarretelle devant ses clients stupéfaits (et inquiets a posteriori) : ce film a dû inspirer Morris pour des anecdotes et surtout pour l'esprit de son Lucky Luke, encore plus que d'autres Serie B de l'époque qui furent des modèles pour ses décors.