Revoir ce film m'aura au moins permis de me rassurer sur une chose : je sais (parfois) être cohérent avec moi-même.

Je me dois donc de séparer deux choses afin d'être totalement objectif. L'analyse de l'œuvre d'art en tant que telle et celle du film à proprement parler, l'une ayant d'ailleurs une répercussion directe sur l'autre.

Que les choses soient claires, ce film est tout simplement extraordinaire au sens littéral du terme, que ce soit dans son fond, explosant la tradition du film soviétique nationaliste, pour ne pas dire de propagande, que dans sa forme. Ici on est face à ce qui se fait de plus grandiose, tant les prouesses et innovations techniques se succèdent. En ce sens, "Quand passent les cigognes" marque une gigantesque révolution et provoque forcément une "érection cinéphilique" de tous les instants. Et cela peut paraitre étrange, mais c'est justement là que se situe le problème relationnel que j'ai avec ce film. Sergueï Ouroussevski est un pur génie, à tel point qu'il vampirise le travail de Kalatozov, et de ce fait on se retrouve en réalité plus confronté à un film de chef opérateur que de metteur en scène.

Et c'est là que je me retrouve bloqué, dans l'incapacité de vivre le film, ne ressentant aucune émotion première. Mon émotion n'est donc qu'intellectualisée, sans aucun lâcher-prise possible, condition indispensable à une véritable immersion et donc à un plaisir gratuit.

J'ai d'ailleurs connu cette même sensation face à "Soy Cuba" (1), autre collaboration entre Ouroussevski et Kalatozov.

A vrai dire j'ai fait un rêve, "Quand passent les cigognes" auraient changé de générique, et le nom de Tarkovski se serait substitué à celui de Kalatozov.

(1) http://www.senscritique.com/film/Soy_Cuba/390558

Créée

le 13 sept. 2014

Modifiée

le 8 août 2012

Critique lue 2.2K fois

56 j'aime

12 commentaires

takeshi29

Écrit par

Critique lue 2.2K fois

56
12

D'autres avis sur Quand passent les cigognes

Quand passent les cigognes
gaatsby
10

Quand l'amour fait plus mal que la guerre

Comment aurais-je pu deviner, en lançant Quand passent les cigognes, que j'étais sur le point de voir le plus beau film de ma petite vie ? C'est sous le coup de l'émotion que j'écris ces quelques...

le 19 oct. 2014

65 j'aime

8

Quand passent les cigognes
takeshi29
7

Quand le génie vampirise l'émotion

Revoir ce film m'aura au moins permis de me rassurer sur une chose : je sais (parfois) être cohérent avec moi-même. Je me dois donc de séparer deux choses afin d'être totalement objectif. L'analyse...

le 13 sept. 2014

56 j'aime

12

Quand passent les cigognes
Okilebo
9

Petite Poésie

Quand les cigognes passent L'amour s'abandonne dans leur sillage Aussi loin que l'espace Et au-delà des âges. Limpide est la lumière Qui enrobe cette passion. Mais craignez le souvenir d'hier, Le...

le 14 oct. 2020

55 j'aime

101

Du même critique

Ernest et Célestine
takeshi29
8

Éric Zemmour : " "Ernest et Célestine" ? Un ramassis de propagande gauchiste "

"Ernest et Célestine" est-il un joli conte pour enfants ou un brûlot politique ? Les deux mon général et c'est bien ce qui en fait toute la saveur. Cette innocente histoire d'amitié et de tolérance...

le 15 avr. 2013

282 j'aime

34

Racine carrée
takeshi29
8

Alors, formidable comme "Formidable" ?

En 2010, la justice française m'avait condamné à 6 mois de prison avec sursis pour avoir émis un avis positif sur le premier album de Stromae (1). La conclusion du tribunal était la suivante : "A...

le 18 août 2013

259 j'aime

34