Ce film russe que personne n'attendait fit l'effet d'une bombe au festival de Cannes 1958 et fit une razzia sur les prix les plus convoités de l'époque. Le cinéma russe venait de réaliser un de ses plus grand chef-d'oeuvre depuis Eisenstein. "Quand passent les cigognes" est le fruit de la détente politique instauré par Nikita Krouchtchev à travers la culture russe et le film sera une véritable vitrine du savoir faire russe, quant celui-ci n'a pas les mains liés par la propagande politique. Mis à part l'histoire, qui se place dans la grande tradition littéraire slave, c'est les prouesses techniques réalisées pour le film qui laissent pantois et vont faire palir de honte le reste du cinéma mondiale tant le travail de la caméra était avant-gardiste pour l'époque. La virtuosité de la caméra est tellement impressionnante, que les critiques européens de l'époque douteront que ce soit vraiment Kalatozov qui ai réalisé le film. Il faut dire qu'à l'époque, vu de l'occident, les films précédents de celui-ci n'étaient jamais sortis de la ligne politique instauré par Moscou et que son chef d'oeuvre précédent "Le sel de Svanétie" (1930) n'avait jamais été distribué dans le monde. De plus Kalatozov était un membre éminant du pouvoir communiste. C'est pourquoi certains ont pensé qu'il avait usurpé l'identité du chef opérateur au générique. Seul l'avenir avec ses films suivant montrera que Kalatozov était vraiment un maître du cinéma. Mais autant le film su séduire immédiatement l'occident, autant certaines voix conservatrices russes critiqueront le film en l'accusant d'être un film déprimant et anti bolchévique. Pourquoi ? Parce que pour la première fois en Union Soviétique, la guerre était dépeinte comme une horreur inhumaine et non comme un honneur patriotique d'y participer.