Permis de Tuer
Cette vingt-deuxième mission pour l'agent Bond, Quantum of Solace, a la particularité d'être une suite directe à son prédécesseur, le remarquable Casino Royale, permettant à l'agent britannique...
le 23 nov. 2014
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- On vise tous les deux quelqu'un d'autre à travers Greene.
- Vous avez perdu quelqu'un .
- Oui, j'ai perdu quelqu'un.
- Vous avez trouvé qui l'a tué ?
- Non, pas encore.
- Vous me raconterez alors. J'aimerais savoir l'effet que ça fait.
Quantum of Solace de Marc Forster est un James Bond étrange dans la forme qui dans le fond a du sens dans son histoire qui fait directement suite à Casino Royale, une première dans la saga. J'aime beaucoup l'intrigue de ce Bond dans laquelle on suit une organisation secrète nommée Quantum qui réussit bien mieux, que le film Bond "Spectre", à proposer une organisation secrète crédible étant partout à la fois sans que personne ne les connaît, le tout dans une mouvance de vengeance vu que notre cher Bond ne rêve que de venger sa bien-aimée Vesper. Une conduite logique crédible envers la mentalité rude du Bond de Daniel Craig. Un Bond spécial "vengeance".
Au cours de la mission, Bond découvre rapidement que le promoteur Dominic Greene, un des représentants de l'organisation secrète Quantum a pour objectif de drainer l'approvisionnement en eau de la Bolivie. Une intrigue intelligente qui colle avec des sujets de son époque dans laquelle on a également à faire aux bassesses de la politique avec les Américains qui pour le pétrole sont prêts à tout, même à laisser des peuples d'autres pays souffrir. Il est dommage que le récit sur sa finalité soit peu concluant avec une vengeance tant attendue autour du personnage de Yusef Kabira (Simon Kassianides), l'homme qui a trompé Vesper, qui sort un peu de n'importe où et manque clairement d'impact. Le personnage de Yusef aurait dû être inclus bien en amont de l'histoire, cela aurait pu ajouter un antagoniste de taille à côté des autres qui manquent clairement de charisme.
J'ai pu constater que beaucoup de monde critique la mise en scène de Marc Foster considérée pour ce film comme catastrophique avec un filmage qui ne fait que des coupures de quelques secondes dans les actions, ce qui réduirait pleinement la tension et rendrait le tout bordélique et confus. Il est vrai que "certaines" scènes possèdent de nombreuses coupures mais qui sont au contraire justifié par la rapidité de l'action à grande vitesse proposée ce qui a mon sens rend le tout encore plus nerveux, sachant que toutes les actions ne proposent pas cette approche. Je retiens au contraire une réalisation nerveuse qui offre des plans très intéressants et ingénieux avec par exemple des effets de caméra recherchés, comme lors du combat final entre Bond et Greene dans l'hôtel du désert avec le petit pont qui se brise et la caméra qui le suit, ou encore durant l'affrontement sur les toits de Sienne entre Bond et l'agent infiltré, la séquence lorsqu'ils tombent du toit est superbe. Niveau effets spéciaux il faut reconnaître que certains plans sont très approximatifs comme lors du saut de l'avion avec une chute dans le vide qui sent le fake à plein nez.
L'action est intense, un véritable plaisir à travers un rythme soutenu qui rend hommage à la licence James Bond. Un enchaînement de séquences sous tension avec des courses-poursuites qui s'enchaînent allègrement avec une excellente traque enragée à pied le long des toits de Sienne, des poursuites à grande vitesse en bateau, en voiture, en moto, en avion.... Sans oublier les nombreuses scènes où Bond se déchaîne dans une brutalité jouissive, le tout enrichi par une caméra immersive, ce qui signifie qu'on est plongé au plus près de l'action. Malheureusement, on retombe dans les mêmes travers que pour Casino Royale avec un final certes pas mauvais, mais clairement en dessous de ce que l'on pouvait espérer avec une conclusion qui se fait trop rapidement. Pourtant, le cadre final avec l'installation dans l'hôtel du désert offre un terrain de conclusion magistrale qui finalement s'avère un peu pathétique car trop bref, avec un combat entre Bond et Greene pas dégueulasse mais courue d'avance vu le manque de charisme du bonhomme. Heureusement, les nombreuses explosions apportent du tonus.
Inspirez à fond, un seul coup suffira. Qu’il soit gagnant.
Daniel Craig sous les traits de James Bond est une fois encore très convaincant avec l'aura sombre et charmeuse qu'il dégage par le biais d'une brutalité sans failles. Il possède un comportement suffisant mais empreint d'une expression troublée et blessé autant physiquement que psychologiquement qui bouscule intelligemment l'approche visuellement parfaite des autres Bond au milieu de dialogues percutant avec toujours plus de physique et de nuance. J'aime beaucoup la comédienne Olga Kurylenko en tant que Camille Montes qui est la seule James Bond Girl à ne pas succomber au charme de 007, enfin ! Le personnage de Camille Montes est psychologiquement endommagé à cause d'un passif redoutablement tragique à coup de viol et meurtre entre le général Medrano (Joaquin Cosio) et sa famille, ce qui explique la rage constante qui l'anime. Elle ne rêve que de vengeance quitte à devoir en mourir. Une femme forte qui offre une chimie avec Craig à contre-courant de ce que l'on peut voir, puisqu'ici il n'y a aucun jeu de séduction. Gemma Arterton sous les traits de l'agent Strawberry offre une Bond girl traditionnelle qui apporte aspect plus séducteur et souriant à la personnalité violente de Camille. M par Judi Dench est toujours autant solide.
On retrouve également Jeffrey Wright en tant que Leiter, qui présente la corruption d'état de par sa relation avec Gregory Beam (David Harbour). Giancarlo Giannini en tant que Mathis revient également bien que je n'aie pas très bien compris pourquoi vu le peu d'utilité qu'il apporte à l'intrigue. Il permet au moins d'apporter une vision sur le futur qui attend Bond en tant qu'agent, c'est-à-dire : "mourir dans l'indifférence totale dans une poubelle".
Les antagonistes sont un énorme problème pour ce film. Mathieu Amalric en tant que Dominic Greene incarne un antagoniste principal que je trouve dans le fond très intéressant en tant qu'homme d'affaires qui se sert de son mouvement écologique pour orchestrer une guerre de l'ombre pour la possession de l'eau Bolivienne (un plan percutant en phase avec notre époque) à travers une personnalité de maniaque qui n'hésite pas à se débarrasser de ce qui l'encombre, seulement, dans la forme il ne possède aucun charisme et ne représente à aucun moment une menace suffisante et mémorable pour James Bond. Le choix d'un tel personnage reste une bonne idée qui fâcheusement n'est pas assez bien mis en avant. Le cinéaste aurait au moins pu pour compenser le manque de charisme de Greene par son garde du corps "Elvis", qui aurait pu offrir le danger physique pour Bond, désastreusement, celui-ci incarné par le comédien Anatole Taubman est tout du long ridiculisé avec sa moumoute et ses expressions pitoyables comme lorsqu'il boit du thé. Reste Joaquin Cosio pour le général Medrano qui en tant que fournisseur pour Greene, offre un personnage intéressant via la dualité qui l'anime à Camille Montes, après il reste un antagoniste assez secondaire. Mais pourquoi le fameux antagoniste mystère incarné par Simon Kassianides que Bond recherche tout du long pour venger Vesper n'apparaît qu'à la toute fin! Il aurait dû prendre beaucoup plus de place!
Finalement, c'est la comédienne Olga Kurylenko pour Camille qui incarne le mieux la vengeance, ce qui est un comble pour James Bond.
CONCLUSION :
Quantum of Solace de Marc Forster n'est pas une suite à la hauteur de Casino Royale, seulement, cela reste un Bond satisfaisant notamment grace à ses actions spectaculaires ainsi que son intrigue qui est en subtile osmose avec les problèmes de notre époque. James Bond avec Camille Montes (première Bond Girl à ne pas céder au charme d'un Bond, incroyable!) offre un duo endeuillé, torturé et en colère contre des bourreaux dont ils ne rêvent que de se venger. Un Bond sombre et intense, qui malheureusement manque d'ambition autour de la menace peu incarnée à travers des antagonistes vides (même si l'effort sur certains aspects autour de Greene reste appréciable), ce qui rend le rendu final un peu trop facile.
Un Bond accès sur la vengeance qui aurait mérité bien plus de forme.
Je crois que les morts se moquent d’être vengés.
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Créée
le 28 avr. 2021
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