Cherchant à trouver les responsables de la trahison et de la mort de Vesper Lynd (voir Casino Royale), James Bond (Daniel Craig) est lancé sur la piste d’un richissime homme d’affaires, Dominic Greene (Matthieu Amalric) à Haïti. Ce dernier est en train de traiter avec un général bolivien (Joaquin Cosio), qui cherche à obtenir l’aide des Etats-Unis pour reprendre le pouvoir de son pays. Mais Greene a sans doute des ambitions autres que géopolitiques, ce qu’illustre son dernier achat : un vaste terrain au sein du désert de Bolivie, dénué de tout, y compris de pétrole…


Célèbre pour sa courte durée et son impopularité relative au sein des aficionados de la saga James Bond, Quantum of Solace mérite sans nul doute d’être réhabilité, au moins en grande partie.
Certes, le principal défaut souligné par les spectateurs est fondé, et l’on se demande ce qui a poussé les producteurs à engager le monteur de Paul Greengrass, pour monter ici le film de Marc Forster. En effet, les deux premières scènes d’action du film en sont symptomatiques : on redoute vite le pire, tant ces séquences sont hachées à l’extrême, à tel point que nos yeux peinent à faire la connexion et à comprendre le déroulé de l’action.
Fort heureusement, on s’habitue à un montage qui, pour être difficile à suivre, n’en est pas forcément un ratage intégral pour autant. C’est alors qu’on goûte réellement les scènes d’action : après le très décevant Casino Royale, Marc Forster est bien décidé à mettre les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu. Ainsi, comme dans le meilleur Belmondo, Daniel Craig ne descend de voiture que pour enfourcher aussi sec une moto, ou bien s’envoler dans les airs pour une poursuite échevelée, merveilleusement rythmée par la belle partition du fidèle David Arnold.
Il faut dire que la courte durée du film joue en sa faveur, autant que les 2h20 de Casino Royale se retournaient contre lui. Ici, toute l’intrigue est ramassée pour tenir 1h46, et comme elle n’est pas spécialement plus dense que n’importe quel James Bond (aucun film de la saga n’étant réputé pour un scénario particulièrement fignolé), il est fort juste de ne pas chercher à allonger la durée du film démesurément. Ce que le film perd en temps, il le gagne donc en efficacité, et allonge les scènes d'action avec une générosité qui rappelle le dynamisme de l’époque Brosnan.


Pourtant, Quantum of Solace reste une véritable suite spirituelle (et suite directe, d’ailleurs) de Casino Royale. Du film de Martin Campbell, Marc Forster a gardé le ton sombre et presque désespéré, la noirceur ambiante qui tranche radicalement avec la saga dont il est issu. Ainsi, l’exploration du personnage de l’espion britannique continue, sa brutalité et son côté implacable resurgissent toujours mieux, tandis que ses fragilités éclatent à l’écran.
J’ai déjà évoqué précédemment ce que je pensais d’attribuer une telle psychologie à un personnage prévu pour être dénué de toute psychologie, mais force est de reconnaître que les films en sont rendus plus prenants. Le personnage n’est plus James Bond, plutôt une sorte de croisement entre Ethan Hunt et Jason Bourne (comme si, au XXIe siècle, il avait besoin de se raccrocher à ses concurrents pour exister), mais il est indéniablement prenant. Indépendamment du fait qu’il a usurpé son nom, le personnage de Daniel Craig est impressionnant de par sa brutalité rentrée, qui éclate brièvement et toujours de manière spectaculaire, faisant émaner de l’acteur une puissance et un pouvoir de fascination vraiment forts.
Le duo Daniel Craig-Judi Dench est d’ailleurs sans doute le principal point positif du film, tout comme il l’est de toute la saga-reboot lancée par Casino Royale. Ils ont droit à la relation et aux dialogues les plus travaillés.
Du côté des autres personnages, c’est plus pauvre : malgré son interprétation par l’excellente Olga Kurylenko, la James Bond girl renoue avec la tradition de l’auxiliaire féminin parfaitement inutile, tandis que Matthieu Amalric, sans jamais être honteux, peine à faire exister son personnage d’antagoniste, finalement assez vide (ce qui n’est pas une première dans les James Bond).


Ainsi, perpétuant la trahison effectuée par le précédent film de Martin Campbell, cet épisode de Marc Forster réussit pourtant également à renouer avec l’atmosphère des anciens James Bond (des « vrais James Bond », allais-je écrire... 0:), en gonflant ses scènes d’action, n’oubliant pas que les films de la saga ont toujours su compenser leurs éventuelles faiblesses par leurs scènes d’action spectaculaires.
Et là-dessus, on ne pourra pas vraiment reprocher à Quantum of Solace d’avoir été timoré…

Tonto
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le 4 oct. 2021

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