Après Casino Royale, nous voici repartis sur de nouvelles bases. Aux débuts de la carrière de James Bond, avec un nouveau visage en tête d’affiche, ce sont de tous nouveaux repères qu’il nous a fallu prendre, et c’est ainsi que Quantum of Solace lui emboîte rapidement le pas.


Quantum of Solace est un film unique et inédit dans son genre dans la saga James Bond, et ce pour une raison : c’est la suite directe du film précédent. Il a pu arriver que certains épisodes fassent des allusions à d’autres, notamment, par exemple, avec la présence de Requin dans Moonraker après être apparu dans L’Espion qui m’aimait, l’épisode précédent. Mais, ici, nous débutons le film quelques minutes seulement après le moment où se terminait Casino Royale, proposant ainsi avec Quantum of Solace la promesse de refermer les cicatrices ouvertes dans le film précédent. Mais si ce vingt-deuxième film se situe dans sa continuité au niveau de l’histoire, il en sera tout autre chose d’un point de vue cinématographique.


Comme dit précédemment, Casino Royale est un film qui marquait par sa capacité à prendre son temps, à développer un bon sens de l’écriture, dans une saga qui a souvent beaucoup misé sur le spectacle, quitte à délaisser ces aspects parfois. Quantum of Solace ne suit pas cette trajectoire, à l’image de l’intense course-poursuite inaugurale, renouant avec la tradition des scènes d’introduction cherchant à mettre directement le spectateur dans l’action. Une action qui pourrait être impressionnante, et qui montre déjà d’importantes lacunes, notamment dans la gestion de cette même action, ici retranscrite par un montage extrêmement rythmé, trop rythmé, enchaînant les plans à une vitesse effarante, au détriment de la lisibilité de l’action. Quantum of Solace se retrouve malgré lui caractérisé par une incapacité à filmer l’action, au cœur d’un scénario brouillon et rapidement expédié, empêchant alors le film de parvenir à trouver un véritable souffle d’une manière ou d’une autre.


L’action est essentielle chez James Bond, et, malgré des idées qui se dégagent et qui se manifestent, leur exécution n’est jamais à la hauteur, rendant rapidement ces scènes désagréables à regarder tant elles sont coupées de manière excessive. C’est à l’image du contexte tumultueux dans lequel Quantum of Solace a vu le jour, entre les changements de réalisateurs et la grève des scénaristes, mettant en péril la production du film, devant composer avec des décisions de dernière minute incombant parfois à des personnes devant agir sur des périmètres inhabituels (comme Daniel Craig s’improvisant scénariste). C’est ainsi que cette continuité de Casino Royale devient vite floue, exposant des enjeux par bribes, s’emmêlant les pinceaux, manquant de donner de l’envergure à Dominic Greene, l’antagoniste principal du film, notamment, quant Mathieu Amalric avait de quoi faire un très bon méchant pour James Bond. Il en va de même pour le personnage de Camille et ses motivations, trop mal exploitées pour avoir de la substance et paraître réalistes. On ne peut s’empêcher de repenser à Permis de tuer devant ce film, avec cette même dissidence, cette même vendetta personnelle, et aux jeu des comparaisons, le film de John Glen l’emporte haut la main.


Il est souvent admis que Quantum of Solace est l’un des épisodes les plus faibles de la saga, et cela se comprend. De la musique du générique, banale et bruyante (à mon goût) à la réalisation, en passant par l’écriture des personnages et le développement de l’intrigue, le film manque à peu près tout, et n’arrive pas à honorer la mémoire de Casino Royale, qu’il est supposé conclure. Le contexte dans lequel le film fut produit fut loin d’êtres idéal, et offre quelques circonstances atténuantes à Quantum of Solace. Mais, dans tous les cas, on ne peut que se résigner à constater l’échec, et cette vengeance ne nous aura hélas donné que peu de satisfaction.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art

Créée

le 10 oct. 2020

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