Un plaisir en évoque souvent un autre… Impossible de ne pas penser ici, à ce magnifique film de Fellini, aujourd’hui oublié, E la nave va, dont beaucoup de thèmes se recoupent avec Quartet : évanescence d’une élite, conflits et caprices de divas, amour de l’art lyrique, humour vachard… Passant outre cette comparaison, on peut s’attarder sur cette première mise en scène de Dustin Hoffman. On le savait acteur génial, on doit le reconnaître aujourd’hui comme un subtil réalisateur. Subtil le mot est lâché ! Car Quartet est constamment à la limite. Limite du mièvre, limite du pathos, limite de la correction… chaque fois on s’attend au pire, mais toujours Hoffman trouve la parade pour nous surprendre, nous émouvoir, nous divertir. Il nous gratifie même de deux ou trois très belles scènes (l’altercation entre Jean et Cissy, le clarinettiste cardiaque…) et distille un humour féroce (la Diva qui interprète Violetta comme si elle chantait Falstaff ). Petit à petit on ne voit plus Beechman House comme un mouroir pour artistes désoeuvrés, mais un vivier de belles personnes, qui malgré leur grand âge, ont encore tant à donner. Si ce n’est plus au niveau de leur talent (perdu), ce sont leurs âmes dans tous les états qu’il s’agit. Dans cet établissement rêvé, la roue tourne pour les résidents, et on espère pour longtemps… Si l'on ajoute à cela une Maggie Smith magistrale et le fait que les seconds rôles soient tous d'anciens du Lyrique, on tient non seulement une œuvre de qualité mais plus encore un adorable film !