Victimes du péché (Victimas del pecado) , film mexicain réalisé et co-écrit par Emilio Fernandez en 1950, -aussi connu sous le titre « Quartier interdit »-, explore le monde interlope de la nuit mexicaine. C’est un mélodrame de cabaret, spécialité mexicaine peuplée de danseuses de rumba au sang chaud et au cœur tendre. Ces films installent des intrigues moralisatrices se déroulant dans les bas-fonds de la ville filmée dans une esthétique qui rappelle le Film Noir hollywoodien. Un univers de ruelles mal éclairées, des bouges enfumés, des chemins de fer à vapeur aux fumées denses, de personnages avilis par la ville.

Nous sommes proches de Zola, dans un monde de déshérités de l'industrialisation, au cœur d’intrigues pleines de désastres et d’injustices. « Victimes du péché » est un mélodrame extravagant qui joue à fond sur la corde sensible. C’est aussi dans un sens un film féministe où les femmes sont solidaires et responsables les unes envers les autres et veillent constamment les unes sur les autres dans un monde où la violence est majoritairement le fait des hommes

L'histoire commence dans un cabaret mi-dancing, mi-bordel d'un quartier miteux de la ville. Pour continuer à pouvoir vivre avec son protecteur, petite frappe locale, Rosa dépose son fils nouveau-né dans une poubelle. Violeta, danseuse de cabaret interprétée par Ninon Sevilla, (elle-même danseuse star et icône de l'époque) sauve le bébé, décide de le garder et de l'élever comme s'il était le sien. Elle est pour cela congédiée et doit se prostituer afin d’élever l’enfant. Elle rencontre Santiago, tenancier d’une autre boîte de nuit, qui parcourt la ville suivi d'un groupe de mariachis ! Il l’engage comme danseuse, puis l’épouse

La suite de l'histoire sera souvent violente, triste et extrêmement, extrêmement sentimentale, avec un final super tire-larmes

Réalisé par deux mythes du cinéma mexicain, -Emilio Fernández à la réalisation et Gabriel Figueroa à la direction de la photographie-, le film bénéficie d’une esthétique soignée dans un très beau noir et blanc. L’autre atout, de taille, c’est le personnage de Violeta, Ninón Sevilla, envoûtante, incarne avec un abandon total le rôle de cette femme qui refuse de se laisser abattre par la vie ou par les hommes. Elle danse et chante pour survivre, et se bat dans une révolte constante contre le destin. Et pour compléter ce casting de choix, on relèvera les performances musicales de la superstar cubaine Rita Montaner, du chanteur mexicain Pedro Vargas et du véritable « roi du mambo », Pérez Prado.

Victimes du péché est un véritable joyau du genre


kinophil
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Films peu vus...et c'est dommage, Festival La Rochelle 2024 et Cinéma d'Ailleurs AMERIQUE CENTRALE

Créée

le 29 juin 2024

Critique lue 21 fois

kinophil

Écrit par

Critique lue 21 fois

Du même critique

Sweet Thing
kinophil
8

Petits fugitifs dans la Nuit du Chasseur

Film indépendant dans son expression la plus authentique et ce que le genre offre de meilleur : quelques milliers de dollars, beaucoup d'énergie et d’amour du cinéma, tourné avec une petite équipe,...

le 14 juil. 2021

10 j'aime

Et la fête continue !
kinophil
5

Qui trop embrasse mal étreint

Le dernier film marseillais de Guédiguian, « Gloria Mundi », dressait en 2019 un constat amer, désespéré et totalement déprimant sur la société libérale, gagnée par le repli sur soi. Le cinéaste y...

le 18 nov. 2023

9 j'aime

3

L'Odeur du vent
kinophil
7

Critique de L'Odeur du vent par kinophil

A priori, L’Odeur du Vent accumule les ingrédients qui ont tout pour en rebuter plus d’un : Rythme très lent, minimalisme des actions, plans fixes qui s’éternisent, rareté des dialogues, Pitch...

le 28 mai 2023

8 j'aime