En France, si l’on n’a pas énormément d’argent, c’est comme si l’on en n’avait pas du tout. Par exemple, une professeur d’anglais qui vit dans un petit appartement de la butte Montmartre est vue et, simultanément, se voit comme une simple et pauvre roturière. Lorsqu’une vieille tante qu’elle ne connaît pas lui fait don de quelques milliers d’euros, elle est dans un état de joie extraordinaire. Les notions de mort, de famille, de vieillesse et même de générosité ne semblent pas l’effleurer. Tout ce qu’elle voit, c’est l’argent, et tout ce qui l’obsède, c’est comment elle va le dépenser en un temps record.

Certains pourraient voir en cet argent qui leur tombe du ciel un signe du destin, un message, un pied à l’étrier dans le processus parfois si complexe d’affronter ses peurs et de découvrir un monde nouveau. Mais "monde nouveau" est une notion bien relative. Manifestement, pour une professeur d’anglais de la butte Montmartre, le seul nouveau monde qui vaille autant d’argent, c’est celui qui se définie par l’argent. Sans y réfléchir à deux fois, elle part alors à Cannes. On y parle français, on prend les euros, et elle aura l’occasion unique et inespérée de dépenser plusieurs milliers d’euros par jour pour que de simples et pauvres roturiers, des roturiers comme elle, comblent le moindre de ses désirs, jusqu’à ce que la caisse soit vide. Le paradis sur Terre.

En France, on aime bien créer une rencontre entre deux personnes qui n’ont rien en commun et faire en sorte qu’ils ne puissent pas se passer l’un de l’autre. Dans la majorité des cas, c’est l’argent qui va les lier. L’un en a, et l’autre en a besoin. Cela permet d’écrire des scènes "drôles" aux dialogues "piquants" qui tourneront, inexorablement, autour de l’argent, et qui seront jouées par des acteurs et actrices dont l’humour s’est, lui aussi, installé à Cannes. Comment se procurer de l’argent facilement, comment devenir l’ami des gens qui en ont, et pléthore d’autres théories spéculatives.

En France, l’argent est donc un moteur, un outil d’élévation personnelle et aux yeux des autres, mais à condition qu’il y en ait beaucoup. Vraiment beaucoup. Si l’on n’est pas en mesure de louer une décapotable à la journée, de vivre dans un hôtel de luxe et de boire des coupes de champagne comme d’autres des verres de bière, c’est comme si l’on n’avait pas d’argent. Les américains ont raison : la classe moyenne doit disparaître.
AlexLeFieutard
2
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les films UMP

Créée

le 10 mars 2014

Critique lue 817 fois

3 j'aime

AlexLeFieutard

Écrit par

Critique lue 817 fois

3

D'autres avis sur Quatre étoiles

Quatre étoiles
Fatpooper
4

Association de boulets

J'avais bien apprécié la première fois au cinéma. Ici je me suis franchement ennuyé. les gags m'ont rarement fait rire. Cluzet reste le plus comique : il joue bien le mec dépassé par les...

le 13 août 2012

5 j'aime

7

Quatre étoiles
JackySouli
4

Money Money Money

Ce film est moralement détestable (comme certains films cyniques des années 30). Il n'est sauvé que par son interprétation (Isabelle Carré - dont on se demande ce qu'elle fout là dedans - José Garcia...

le 10 mai 2014

4 j'aime

2

Quatre étoiles
klauskinski
7

Critique de Quatre étoiles par klauskinski

Drôle mais pas débile, léger sans être inconséquent, servi par trois acteurs en pleine forme (dont une éblouissante Isabelle Carré), évitant avec brio le formatage scénaristique habituel, Quatre...

le 15 mars 2011

4 j'aime

Du même critique

Certains l'aiment chaud !
AlexLeFieutard
10

Tout le monde aime Marilyn

Ce film est parfait. Il est l’incarnation de la comédie. Dès la troisième minute du film, lorsque l’on voit les bouteilles de whisky cachées dans un cercueil avec "Chicago, 1929" écrit sur l’écran,...

le 18 févr. 2013

15 j'aime

Star Trek Into Darkness
AlexLeFieutard
3

Le premier, oui. Pas le second.

Le premier se présentait comme une épopée spatiale. Pas le second. Le premier était un excellent divertissement qui ne se prenait pas au sérieux et qui, parfois, laissait filtrer quelques gouttes de...

le 30 mai 2013

13 j'aime

1

Le Dîner de cons
AlexLeFieutard
5

Francis Huster devrait changer de métier

Le film date de 1997. J’avais 13 ans. Je l’avais vu au cinéma avec mes parents, on avait rit. Je l’ai revu un certain nombre de fois. Je riais. J'avais même acheté la K7... Et soudain, j’ai réalisé...

le 29 juil. 2012

12 j'aime

10