En 1942, John Huston rejoint le centre cinématographique de l’armée américaine. Là, il signera, sous son nom, trois documentaires militaires dont celui-ci. Let there be light s’intéresse aux séquelles psychologiques des soldats rescapés de la guerre : Ceux qui n’ont pas de blessures physiques apparentes mais qui sont traumatisés de l’intérieur. Les autorités décidèrent, à l’époque, de ne pas distribuer le film. Les spectateurs ne purent visionner ce document que, lors du Festival de Cannes 1981, dans la section Un certain regard. Il faut noter que sa découverte de l’inconscient et l’hypnose rapprocha Huston de Freud, ce qui le poussa à faire Freud, passions secrètes, en 1962. Si le matériau est réel, Huston le met en scène, clairement et son dispositif est parfois un peu schématique, authentique mais fabriqué. C’est un cinéma de propagande, à la gloire des psychiatres de l’armée et de leurs différentes méthodes médicales : Groupe de parole, hypnose. On y découvre un homme retrouvant miraculeusement l’usage de ces jambes, un autre celui de la parole, un autre sa mémoire. Là où le film trouble tant – Et c’est sans doute là-dessus qu’il doit sa longue interdiction – c’est que malgré le traitement favorable que font les images de l’institution militaire, on y découvre malgré tout en face des visages abimés, des regards perdus, des voix bégayantes, des corps tremblotants, bref pas vraiment des héros de guerre que la propagande lambda se doit de représenter.