Célèbre pour ses grands films noirs et, sans doute, les meilleurs Humphrey Bogart, les documentaires de John Huston restent étrangement peu connus du grand public, contrairement à ceux de John Ford comme la bataille de Midway.
Celui qui nous intéresse, ici, est certainement son plus important et significatif sur la réalité vécue par les GI pendant la seconde guerre mondiale.
Aujourd’hui, sa découverte est nécessaire, bien que l’on soit davantage informé sur le syndrome de stress post-traumatique que peuvent subir les soldats sur le terrain. En effet, le cinéaste met en lumière la manière dont les traumatismes psychologiques ont été soignés ou traités, tout en s’efforçant de prouver que ce n’étaient pas des fous ou inadaptés sociaux, dans la vie quotidienne.
Le réalisateur filme les différentes procédés médicamenteux ou non, pour trouver le chemin de la guérison, avant le retour à la vie civile, selon la typologie du traumatisme subi, allant du bégaiement à l’impossibilité de marcher seul. Certaines sont étonnantes ou modernes dans leur approche.
Les témoignages de ces soldats montrent la nécessité d’être soutenu pour qu’ils se relèvent au lieu d’être dénigrés ou enfoncés davantage dans leur mal être interne. C'est plus que visible lors du premier entretien pour aborder ce qui ne va pas chez eux. Cette double peine subie par les soldats en revenant à la vie dite normale (et pas seulement ceux des Etats-Unis) reste toujours présente, alors qu’ils ont servi leur pays, et sont revenus vivants, alors que d’autres non pas eu cette chance.
Etant à destination de l’armée américaine, l’ensemble reste flatteur pour la grande muette outre-Atlantique sur les résultats obtenus. Et pourtant malgré une image globale plutôt positive, elle décida de le censurer pendant plus 34 ans dont le motif sera évoqué par le réalisateur dans An Open Book :
La nécessité de maintenir le mythe du guerrier qui revient du combat plus fort que lorsqu'il est parti et s’enorgueillit d’avoir bien servi sa patrie.
Cette décision a eu, indéniablement, des effets néfastes sur la perception des civils, vis-à-vis de ses soldats, cristallisant une incompréhension et un rejet collectif de ces individus. Cela les empêchent de vivre normalement, alors qu’ils n’ont pas de blessures physiques apparentes depuis leur retour. C’est d’ailleurs fort bien mis en scène dans les films cultes suivants : Rambo, Né un 4 juillet (montrant également les séquelles physiques subies) ou encore plus récemment dans Jimmy P.
Malgré les années qui passent, cela reste toujours un sujet délicat aujourd’hui, car la société civile n’est toujours pas familiarisée avec les manières de les aider au quotidien, sauf à les envoyer vers telles ou telles associations d’entraides ou de vétérans, comme si on voulait toujours les maintenir à distance.
Je me dois d’apporter la précision suivante : Let there be light est disponible en bonus dans le DVD du documentaire Hollywood Pentagone qui s’intéresse à la propagande militaire véhiculée dans l’industrie cinématographique américaine. Cela montre à quel point il fut difficile de le voir depuis sa création en 1946, malgré une sortie en 1980 aux States et en 1981 au Festival de Cannes. Après avoir effectué des recherches, il est également disponible actuellement sur Youtube.
Hawk vous souhaite un bon visionnage à tous.