Résumé en gros: Le chef (Jean Poiret) d'une entreprise secrètement en crise et manque de fonds... invite (voire convoque) à la dernière minute tous ses cadres pour un long week-end dans sa maison de campagne pour apparemment les 'remercier'... pour leurs bons et loyaux services.
Merci Negreanu de SC pour la motivation à finir ces très désordonnées remarques très éparses:
______ $$$ A (re)voir pour la visite guidée de l'église:
Ma scène préférée que j'avais oubliée est courte et simple mais hilarante (rien que son souvenir me fait rire): c'est lorsqu'ils font une visite de la petite église voisine.
Elle est en travaux. Poiret a un discours dément (improvisé?) sur combien elle a changé aussi, que c'est le lieu de son mariage, que leur prêtre était gentil mais "rouge", voire trop rouge; il l'a donc fait muter en "banlieue nord" pour lui apprendre, et il l'a fait remplacer par "un bossu"...dont il craindra alors les mains, "car on n'est jamais trop prudent", le poussant alors à donner la Communion en gant Mappa, vu que sa femme n'avait plus besoin de son stock, suite au généreux 'cadeau' d'un lave-vaisselle…"Foi et lave-vaisselle, Messieurs."
______ $$$ Une sorte de Fort Boyard et Intervilles de l'emploi:
Quand je repensais à ce film, je réalise que je me focalisais surtout sur son petit dernier quart d'heure où le sadisme larvé apparait enfin aux plus aveugles et en déni. C'est à peine caricatural. C'est plutôt désespéré et désespérant.
Mais les entreprises sont à peine plus irrationnelles pour embaucher (eg, graphologie, astrologie et autres "oh! vous aimez Arsenal aussi?", "oh! vous étiez Président de l'association véliplanchistes" etc.). Et les raisons et techniques contemporaines de restructurations, plans sociaux et débauchage ne sont guèr(r)e meilleures ( cf. ...'En Guerre' et autres 'Heures souterraines').
Donc ce dernier quart d'heure n'est pas si fou et irrationnel que cela.
______ $$$ Mais j'avais oublié tout le reste épatant du film, qui en compose même son essentiel: la bonne description des relations entre collègues; bien avant mon 'The Office' de Ricky Gervais, où le boss se croit populaire, et ma récente série choc, 'Sally4Ever' et ses collègues en séminaire similaire. .
______ $$$ Je constate enfin que les Hauts et Bas salaires sont à différentes tables façon Gosford Cantine (la hiérarchie des tables dans 'Gosfod Park').
La partie pure sadique du film est très courte comparée à l'ensemble et ne fait pas le tout.
______ $$$ Un signe avant-coureur est quand même qu'il a "invité" tout le monde, en solo ("pas de +1"): mais une fois arrivés, les plus bas salaires doivent finalement se payer une chambre localement. Une logique implacable qui a encore cours de nos jours en Politiques Nationales et dans les statistiques sur les inégalités...
______ $$$ Un casting d' exception réuni par Dominique Besnehard (dont je conseille ses mémoires crues et sincères et pas du tout hagiographiques).
______ $$$ J'avais oublié la si belle maison de Jean Poiret et sa femme Marie Laforêt (un stunner/chef d'oeuvre aussi).
Selon internet, c'est tourné au manoir « Le Logis d’Arnière » à Saint-Cyr-sous-Dourdan" (Cinemannonce). Il existe encore aussi et se loue.
______ $$$ J'avais oublié que les filles du boss sont nymphomanes (Florence Pernel et Jeanne Lallemand), dépressives, suicidaires et harcèlent sexuellement les plus jeunes cadres "sous peine d'être virés par papa": Charmetant et Daniel Auteuil.
(Christian Charmetant transforme un des repas en "Diner de cons" tant il assomme d'ennui la pauvre femme du boss, Marie Laforêt (oui, encore elle, deux citations dans un même texte mais son charisme le mérite).
______ $$$ Michel Piccoli, encore magistral: Tartuffe culotté
Il a la tête de Bruno Moynot dans les Bronzés.
Je l'avais oublié: dément et drôle. Son personnage exerce aussi une sorte d'emprise de guru sur son neveu...le privant notamment "depuis plus de deux ans" de rencontres sexuelles et amoureuses puisqu'il squatte et parasite le domicile ...ET parasite surtout la chambre du neveu où ils dorment en lits superposés.
Plus tard, on le découvre très proche et de suite ami de Jean Poiret et on comprend alors, à leurs atomes crochus, que le Parrain en costard blanc a un passé à la Jean Poiret et de nombreuses conquêtes amoureuses; les mêmes qu'il ose dénier à son neveu (comme si le Culot devenait un Homme).
Sans prévenir, Il est venu rejoindre son neveu. Il s'impose au week-end, au manoir.
Une autre inégalité par rapport aux autres invités venus sans femme et famille.
Rien d'étonnant de la part de ce curieux personnage à tête d'oiseau qui ouvre les lettres et feuilles de salaires de ses voisins de palier dans l'immeuble.
Piccoli me rappelle le postier et sa maman dans 'Poulet au vinaigre' (Lucas Belvaux et Stéphane Audran) qui ouvrent aussi le courrier des autres.
______ $$$ Piccoli excellent en Satyre: j'ai même fait un ralenti quand il voit les deux soeurs quitter la chambre de son "neveu"...il est hilarant: avec ses cheveux, sa barbe et son regard, il a une vraie tête de Satyre amusé.
Il sait tout jouer et dans ce film, il lui arrive d'être inquiétant, agaçant, émouvant etc.
______ $$$ François Perrot, un visage sur lequel j'ai mis du temps à mettre un nom car ma mémoire est passoire, mais il est encore impeccable.
Il est un des cadres à gros salaire qui condescend à mieux se lier avec un cadre à petit salaire, (Daniel Auteuil, le neveu).
Avec cette démarche sociale envers la plèbe, Perrot se voit peut-être en Lieutenant Dunbar dans 'Danse avec les loups' qui parlaient aux Sioux...
Lors de la scène de l'église, on voit que ce Perrot a soudain des yeux rieurs. Je soupçonne que les acteurs devaient bien avoir du mal à garder leur sérieux avec les improvisations(?) de Jean Poiret.
______ $$$ J'ai aussi reconnu avec très grand plaisir, le curé des Visiteurs: François Lalande (tout petit devant Godefroy de Montmirail; "Venez vite, il n'a pas l'air très commode").
______ $$$ Tchèky Karyo vient compléter la longue liste des cons dans les films:
très drôle notamment lors de la scène de danses et slow sous une musique d'un "Drupi"???? que je découvre grâce à la bande original de Philippe Sarde.
______ $$$ Avec comme autres visages et acteurs crédibles:
__ Michel Pilorgé, ex de Châteauroux, et élève de Jean-Laurent Cochet comme son ami Depardieu (merci wiki).
__Et Max Megy dont le c.v. impressionnant comprend une des plus rares versions de Cyrano (sur ma liste des versions de Cyrano présentes sur SC, celle d'un Fernand Rivers.
__Et Gerard Chaillou de Caméra Café, Scènes de ménage et bien d'autres…
__Et un sosie de Mme Balkany, au cas où un biopic se fait (Chantal Deruaz).
__Et en moins bon mais pour l'anecdote, on repère en une sorte d'Andy Millman car fille sans une ligne de dialogue, l'autrice Yasmina Reza, qui joue la bonne
(à qui Jean Poiret ordonne de bien cuire la viande, pour la sauver car elle avait été rôtie dehors mais a été ruinée par la pluie battante):
" Yasmina en fera un ragoût demain",
l'autrice d'Art,soupçonnée parfois de "copycomic", avait dit je crois, ne pas avoir aimé la "docilité et les auditions" du métier d'acteur,
______ $$$ Et avec Patrick Bouchitey (merci pierrick_D du salutaire rappel: en cadre supérieur dont l'obsession des marques et signes extérieurs de richesses (dont une grosse montre...) le rapproche de 'Wolf of Wall Street' et 'American Psycho'.
Dans sa scène finale ("dire ses quatre vérités au boss"), il rappelle un peu un bon sketch de Jérôme Commandeur (c'est pas verbatim):
_tout le monde vous déteste
_vous êtes ridicule avec votre walkman toujours sur vos oreilles…(&prenant à témoin le troupeau):
"C'est même pas un Sony"…(dialogue qui me fait penser à la compétition sociale et autres comparaison de cartes de visite présente dans American PSYcho)
_...allez vous faire voir, vous et votre gros cul de génisse
(seule fois du film où Jean Poiret, acteur, semble pris au dépourvu et sortir une seconde de son personnage; je crois qu'il a l'oeil qui frise à cet énorme "vous et votre gros cul de génisse).
______ $$$ Merci Boubakar qui me rappelle dans son texte que c'est l'adaptation d'un livre.
Je découvre ensuite que c'est du très informé Jean-Marc Roberts,
à qui on doit justement aussi "Une étrange affaire", aussi sur des entreprises reprises et restructurées.
______ $$$ Le film reste un festival Jean Poiret, un tchatcheur avant l'heure, pince-sans-rire, facétieux et si jubilatoire.
Il arrive même à être très émouvant lors du twist de la conversation finale avec sa femme (que l'on découvre sa conseillère et éminence grise): loin des regards, dans les bras de Marie Laforêt, il révèle le poids sur ses épaules de coureur à la recherche de fonds.
Un speech qui fait penser au speech écrit par Nakache/Tolédano pour Jean Pierre Bacri, le boss, "seul", dans **'Le Sens de la fête'.
(J'essayerai donc de voir tous les films avec Jean Poiret et les listerai ici).**
______ $$$ Infos ajoutés le 09/08/2019, grâce aux infos des coms&listes de pierrick_D:
**Il y a un lien ('Six(3) degrés de séparation'): entre Denys Granier-Deferre et Bryan Singer??! :-) **
Car une des deux filles à papa, jouée par Jeanne Lallemand est devenue Jeanne Marine:
__actrice dans "Paulette, (encore une ) pauvre petite milliardaire", érotique adapté de Wolinski(lui, assassiné par de lâches machos barbares)
__elle est fille d'un Jacques Serizier qui semble avoir une belle plume et voix (aimées de Claude Duneton):
"Quand je veux hurler la guerre
Bizarre j'ai le nez bouché
La langue comme prisonnière
Les dents veulent plus la lâcher"
__...et femme de Bob-Geldof (auteur du fameux "give us ur Fucking money" lors d'un appel de fonds), et ses appels aux dons sont rejoués dans Bohemian Rhapsody de Dexter Fletcher
et...de Bryan Singer.
C'est le lien entre Denys Granier-Deferre et Bryan Singer :-D