Les amateurs de Preminger trouvent ce film indigne de son talent, car bourré de stéréotypes. Pas faux, mais ... Dans un premier temps, cette chronique sudiste d'immédiat après-guerre, quasi fresque, semble peu convenir à Preminger, proche de l'univers d'un Kazan. Le début est poussif et bavard mais permet de planter le décor : le cynisme des entrepreneurs blancs contre le bon droit des noirs, avec un relent de racisme rampant. Manichéen ? Pas autant que cela, le film explore les failles de tous ses personnages, nus jusqu'à l'os. Michael Caine, Jane Fonda, Faye Dunaway, entre autres, donnent de la chair et de la consistance à leurs rôles, plus ambigus qu'il n'y parait, de prime abord. La haine, le ressentiment et la frustration sont les carburants d'un film qui gagne en puissance à mesure que le drame se noue, au bout de 2 heures 20 passionnantes.