Cérémonies de mariage, fêtes religieuses, commémorations historiques, jour des morts, les premières parties sont présentées comme un reportage sur un pays d’abondance, chantant, chaleureux, promulguant clairement la femme, riche d’histoire, oisif, courageux, sachant danser avec l’amour et la paix autant qu’avec les tombes et les envahisseurs. La transition sanglante se dévoile par l’horreur totale d’une corrida, annonçant aussi le sang et la mort. L’accablement progressif dégrade ensuite traditions et insouciance vers la menace universelle selon la logique communiste. Car le final, plus romancé, dénonce la souffrance paysanne, l’exploitation et le droit de cuissage appliqué par les propriétaires terriens sous la dictature de Porfirio Diaz, suivie de la révolte meurtrière des peones et la brutale répression qu’ils encourent. Illustration américaine de la révolution prolétarienne, celle du Mexique de 1910 devait constituer la dernière partie mais ne sera hélas jamais visible.
Fruit d’opportunités locales et bobines rescapées des conflits de production américains en 1932, ce film maudit du cinéaste Soviétique Sergueï Eisenstein fut monté et complété en 1979 par son ancien assistant Grigori Aleksandrov. Sous la forme d’un documentaire dramatisé en 4 parties seulement, il dresse le portrait d’un Mexique d’antan, évidemment filtré de stalinisme. De cette propagande inachevée, aujourd’hui un peu naïve, on retiendra la qualité joyeuse et « colorée » des plans festifs comme celle de la crudité des violences, signant la maturité définitive du cinéaste. L’exploitation des images, plans, perspectives, lumières, fonds et personnages est remarquable, compte tenu des moyens d’il y a presque un siècle.