Précisons tout d'abord que ma note de 7 n'est pas à prendre très au sérieux. Comment noter une œuvre inachevée? Faut-il noter ses rushes tourné par Eisenstein est assemblé bien après sa mort? Ou bien prendre en compte ce qu'aurait donné le film une fois fini? J'en sais foutre rien.
Difficulté supplémentaire : ce film, même s'il avait été achevé, aurait été inclassable. Pas vraiment une fiction vu la quasi absence de scénario. Pas vraiment un documentaire vu l'embryon de scénario, qui apparait surtout dans la deuxième partie.
Mais commençons par le début. Eisenstein dresse d'abord le portrait du peuple mexicain au travers de ses us et coutumes. Structure de la société, religion et croyance, système matrimonial, à peu près tout y passe. Jusqu'à la passion pour la corrida à laquelle ce métrage consacre une bonne vingtaine de minutes. A moins d'être un passionné d'anthropologie ou de tauromachie (ce qui n'est pas mon cas) on peut rapidement s'ennuyer ferme.
Heureusement la seconde partie arrive à point. Celle-ci, qui est aussi la partie inachevé de l'œuvre, est consacrée à la (aux) révolution(s) mexicaine. Et c'est là que ça devient intéressant. En effet quel meilleur sujet pour un propagandiste soviétique que la révolution mexicaine de 1910. Quasiment contemporaine de la révolution russe, mais n'ayant pas eu les mêmes conséquences. Loin de là. Enfin si. La révolution de 1910 a accouché d'une dictature sanglante. Mais chut.
Et puis le Mexique c'est le pays des révolutions. Pas moins de trois en à peine un siècle. On est les seuls à égaler cette performance. Cocorico! Or rien n'est plus doux aux yeux du publique soviétique qu'un peuple luttant courageusement contre l'oppression. Y'a qu'à voir la réputation du Cuirassé Potemkine du même Eisenstein.
Garde espoir vaillant peuple du Mexique! Le camarade Staline est derrière toi!
C'est justement ce message qui manque. Cette dernière partie qui aurait donné du sens à ce "docu-fiction", si on peut l'appeler comme ça. A moins que je me trompe complètement et que ça ne soit pas l'intention d'Eisenstein. Mais je mettrais bien une pièce dessus. Et c'est comme ça que j'ai envie de l'interpréter. Un hommage au peuple mexicain, ce grand petit frère du peuple soviétique.