L'intrigante affiche et la présence d'Elisabeth Moss agissait comme un aimant sur moi. Après un passage éclair dans nos salles, il était enfin temps de voir ce film titillant ma curiosité.


Catherine (Elisabeth Moss) vit une rupture difficile et part se ressourcer dans la maison de campagne des parents de son amie Virginia (Katherine Waterston). Au fil des jours, sa dépression va flirter avec la démence et les rapports entre les deux jeunes femmes vont se détériorer.


Le film a été tourné dans un seul lieu, en deux semaines. Cela lui donne un côté film de vacances avec cette maison au bord du lac en plein été. Le soleil brille et se reflète sur l'eau. C'est bucolique, mais on n'a pas vraiment le temps d'apprécier le paysage. La caméra nous ramène inexorablement dans la chambre de Catherine, où elle passe la plupart de son temps cloîtrée. Elle ne se nourrit plus, vit dans la pénombre et touche constamment son visage qui la brûle. Sa rupture est douloureuse, tout comme le décès de son illustre père. Elle vient de perdre tout ses repères et s'accroche désespérément à son amie Virginia. Mais l'intrusion de divers hommes, va perturber sa zone d’inconfort. Sa dépendance à son amie, va tourner à l'obsession et mettre à mal son instabilité psychologique.


La vengeance est un plat qui se déguste lentement. Les flashbacks vont nous permettre de mieux comprendre la relation entre ses deux amies, qui ne semblent pas vraiment s'apprécier. Pour ne pas nous perdre, Elisabeth Moss arbore une coiffure différente d'un été à l'autre. Elle a un air de Lena Dunham et on a un peu le sentiment d'être dans un long épisode de Girls, du moins au début, avant que le film ne devienne un bel objet contemplatif. Le temps s'écoule lentement, on prend ce qu'on nous donne, on le décortique et on attend que le film bascule dans la folie de son héroïne. Cette attente ne sera jamais satisfaite et on en sort frustré. L'histoire reste linéaire et même si une phrase, un regard où un rire semble donner l'impression que cela va enfin décoller, ce ne sera jamais le cas.


La lumière est belle, tout comme la photographie. Cela ressemble à un film de David Hamilton, mais sans le côté érotique. La mise en scène d'Alex Ross Perry est léchée, malgré son côté artisanale. Elisabeth Moss et Katherine Waterston sont impeccables. Elles se livrent un duel s'étalant sur deux étés, en s'envoyant chacune à son tour leur bonheur à la face de l'autre. Ce combat psychologique ne mettra jamais le spectateur mal à l'aise. On est dans la subtilité et non dans l'effet facile, cela change mais on ne sera jamais déstabilisé. Le besoin de sensations ne sera pas satisfait, à cause d'un côté superficiel et vain.


C'est une déception. L'impossibilité de s'immerger dans l'histoire ne rend pas service au film, tout comme l'absence d'empathie. L'idée est intéressante, mais son traitement ne m'a pas convaincu.

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le 20 mai 2016

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Laurent Doe

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