Tout va mal dans la famille Celliers.Le père,richissime homme d'affaires,vient de prendre sa retraite et s'ennuie ferme.Il essaie vaille que vaille de maintenir une certaine cohésion familiale,mais sa femme ne lui facilite pas la tâche.C'est une salope égocentrique qui malmène son entourage en permanence.Les enfants sont paumés à des degrés divers.Le fils,fasciné et terrifié par la réussite de son père,a monté son entreprise,qui est en train de faire faillite car il n'a aucune disposition pour le business.Une des filles,infirmière,est engagée dans une liaison sans issue avec un médecin marié,tandis que l'autre,peintre révoltée et droguée,entame une relation compliquée avec un policier désabusé qui a engrossé sa femme alors qu'il ne l'aime plus.Tout ce joli monde cultive son malheur et ses névroses jusqu'à ce que de sulfureux secrets de famille soient révélés et,paradoxalement,guérissent les plaies des uns et des autres.De la part de la réalisatrice et coscénariste Cécile Telerman,ce film constitue une bonne surprise.Des personnages bien dessinés,pour lesquels on peut éprouver de l'empathie,des situations inventives,même si les coïncidences sont assez énormes,une narration solidement maîtrisée,et des répliques cinglantes à foison,dont la vacherie est méchamment jouissive.L'ensemble est porté par une équipe de grands comédiens en pleine forme,qui semblent se régaler au milieu de ce jeu de massacre qui se terminera de manière optimiste.Le génial Patrick Chesnais fait preuve de sa subtilité coutumière en grand patron sur la touche,doublé d'un père et d'un mari désemparé.Charlotte Rampling est haïssable à souhait en mère indigne,une figure que Telerman affectionne et réutilisera dans "Les yeux jaunes des crocodiles".Sans doute a-t-elle des comptes à régler avec sa propre mère.Mathilde Seigner et Pascal Elbé,déjà présents dans "Tout pour plaire",le premier film de la réalisatrice,sont d'une efficacité redoutable,la première en artiste maudite et fille mal-aimée s'éveillant à l'amour,le second en homme stressé écrasé par la figure paternelle.Olivier Marchal est impec dans son numéro bien rôdé de flic au bout du rouleau dont l'humanité affleure au-delà de la rugosité.Les brèves apparitions d'Arnaud Gidoin en dealer et de Nicky Marbot en policier teigneux dynamisent fortement leurs scènes.