Film sorti en 2012, réalisé par Stéphane Brizé dont les acteurs principaux sont Vincent Lindon accompagné d'Hélène Vincent.
Elle passe ses journées de solitude à ranger ses intérieurs. Elle est scrupuleuse, décrasse la moindre tache, arbore une mine ni triste ni joviale. Elle semble avoir effacé de sa vie tout sentiment et plus encore prohibé le mot "je t'aime". Il sort de prison, est un brin rebelle, cherche à combler sa solitude en multipliant les rencontres éphémères. Il est malheureux et cela se voit. Mais il se bat. Elle c'est Yvette, lui c'est Alain, son fils. Et ils vont être contraints à cohabiter quelques temps ensemble.
Les relations sont difficiles, voire même carrément conflictuelles. C'est alors qu'Alain apprend que sa mère est condamnée et a entamée une procédure de demande de suicide assisté en Belgique. Comment vivra-t-il cela? A vous de découvrir la suite en visionnant le film.
Je dirais que ces deux personnages qui semblent aux antipodes l'un de l'autre, se ressemblent plus qu'ils ne pense (les chiens ne font pas de chats!) et que l'essentiel de leur relation est qu'ils s'aiment et ne savent pas se le dire. Après sur la forme, il semble bien évident que cette forme de désamour de l'autre ne se manifeste pas de la même manière. Yvette range ses appartements pour canaliser les rancœurs qui la ronge. Alain crie, hurle, fuit. Il est plutôt soupe au lait.
Au départ je désirais écrire une critique plutôt négative de ce film car justement, il est trop… tout ! Trop noir, et je n'aime pas qu'on n'aperçoive pas un flux de lumière et d'espoir dans quelque œuvre que ce soit. Ceci étant dit, la peinture de caractère et l'analyse psychologique du réalisateur Brizé est poussée et point de vue scénario, le film est bien rodé, avec des lenteurs habitées, des plans et points de vue de la caméra qui sont peuplés de sens et éclairent le film.
J'irais même jusqu'à dire que ce film mérite amplement l'appellation de film d'auteur. Dans tout ce que cela implique qualitativement mais aussi de péjoratif dans l'esprit populaire. Si la majorité du public s'ennuiera fermement, un autre partie plus éclairée, de l'ordre des cinéphiles, apprécieront, je le pense. Car oui tout est là, qualité des prises de vue, du son, respect spatio-temporel propre au film et comme je l'ai dit, analyse subtile du profil psychologique des personnages.
Ce film m'a dérangé, ce n'est jamais agréable de se sentir dérangé mais qu'est-ce que cela fait du bien au fond! C'est une porte ouverte pour se remettre en cause. Et il faut l'avouer, la question épineuse du suicide assisté est une des raisons qui dérange. Mais plus que cela, il semble que tout est mis en œuvre dans ce film pour déranger afin de servir ou plutôt d'éclairer la polémique. Même si c'est fait de manière indirecte (et tant mieux), cela reste un fil conducteur qui mène à la résolution. Un décès heureux, malheureux? Je n'ai pas su répondre. Le saurez vous? l'amour est il plus fort que la mort? La mort par suicide assisté est-elle profondément tragique? Autant de problématique que soulèvent ce film sans donner de réponse (et c'est louable!). On a l'impression d'être resté comme dans une succession de scènes de vie tragique qui mènent inexorablement à la mort. Mais le film va bien plus loin que cela et c'est bien dans l'esprit du spectateur que le véritable travail opère.
Finalement, je pense avoir bien fait de ne pas avoir écrit ma critique a chaud, j'aurais donné alors au film une critique qu'il ne mérite pas, une critique sans réflexion de fond et c'est à cela que l'œuvre appelle.
Soyez avertis, ces Quelques heures de Printemps vous hanteront bien plus que des heures de réflexions en réflexions. Vous ne trouverez en vous-même sans doute pas de réponse mais néanmoins des pistes ou selon vos idéologies, des idées claires. Mais laissez-vous apprivoiser et habiter par ce film, aussi tragique soit-il. Il vous bousculera, certes, mais si le cinéma ne bousculait pas le spectateur, quelle en serait sa finalité