Je s'appelle vérité (ancien titre)
Depuis au moins Pedro Calderón de la Barca et sa fameuse pièce La Vie est un Songe, les auteurs espagnols ont toujours eu un penchant vers le récit onirique, les histoires qui frôlent la réalité et la fiction, symboliques de l'apprentissage de la vie et de la mort. Juan Antonio García Bayona ne fait pas exception. Il était donc attendu au tournant.
L'arbre de la connaissance … revisité
Un enfant qui doit faire face à la lente disparition d'un parent est un sujet délicat mais qui permet toujours de traiter de bien plus, à l'instar de Mon Voisin Totoro d'Hayao Miyazaki(sauf qu'ici, l'arbre fait plus penser à Groot). En effet à travers cet état de fait, on voit la vie à hauteur d'enfant. Chez lui, à l'école, chez sa grand-mère et avec son père. Sa violence intérieure est diligemment montrée et jamais condamnée. Fait assez rare pour qu'on le remarque dans cette ère néo-puritaine de l'Hollywood décadent. L'arbre en face de sa maison est sa bouffé d'air frais, d'autant plus que sa mère aussi semble aimer cette arbre. Il est un symbole de progrès intérieur, de gnose et de mystère à la fois. Il est aussi son grand-père en esprit, qu'il semble avoir peu connu. Ceci explique le mode violent sur lequel est cette arbre. Il est un représentant de l'autorité masculine, qui peut s'emporter pour le bien commun s'il le faut. Cette arbre est ses racines, comme la famille est nos racine, représente un univers à lui tout seul, une présence forte qui pousse à se voir aller plus loin.
Un film de femmes
Et pourtant, en dépit du rôle principal qui est un garçon, de l'arbre qui est à la fois le grand-père disparu et le père manquant, il s'agit d'un film ou les femmes sont les points fixes, vaillantes et fortes pour préserver l'enfant. En effet jamais la mère ne semble se plaindre, jamais la grand-mère, impeccablement incarnée par Sigourney Weaver, ne semble faiblir même dans les moments d'émotions. A travers cette histoire est salué le travail de chaque mère seule dans ce monde.
On notera également en exemple, que si le rôle principal voit un arbre gigantesque venir lui parler à 12h07 à chaque fois, dans la chambre d'hôpital de sa mère, l'horloge derrière elle affiche 17h02. En inversant deux chiffres, le réalisateur semble nous montrer que les rêves et passions du garçon viennent de sa mère. Ceci est confirmé plus tard par son père et par la conclusion. Et suggère aussi l'un, les racines masculines interagissent avec celles féminines. L'art avec le courage, et inversement. Il y a donc une volonté d'indiquer la force de la filiation, une nouvelle fois l'importance des racine et de la transmission mais avec des indices plus hermétiques que la traditionnelle symbolique de l'arbre. C'est la grande qualité du film : savoir jouer avec les différents métaphores et allégories.
"S.O.S. Rythme bonjour…"
Mais ô malheur, l'œuvre subtile sur son fond pêche sur sa forme car elle est atteinte du mal du siècle qui touche les œuvres cinématographiques : le manque de rythme. Il est vient évidemment d'un montage qui étire un peu trop les scènes mais aussi d'un scénario qui sent le remaniement, les hésitations parfois. Quelques plans comme celui où la caméra est portée à l'épaule alors que Connor sort simplement de chez lui, sont étonnants et brouillent la communication du point de vue du langage cinématographique. Cette léthargie nuit sensiblement à l'ensemble, surtout dans la première partie.
Reste une belle patine à l'écran, un souffle qui nous pousse à la simplicité des rapports humains et, libération ultime, à s'adonner sans transiger à la Vérité pour mieux embrasser la vie pour ce qu'elle à offrir maintenant, avec et au delà de la souffrance.