Jamais vu un duo d'acteurs aussi habités par leurs rôles, aussi talentueux, tout simplement. L'osmose parfaite pour un sujet difficile, des scènes éprouvantes de réalisme. Richard Burton et Elizabeth Taylor, déjà vieillissante, crèvent l'écran, pris au coeur d'une histoire d'amour-haine qui, au fil du temps, a délaissé le respect et la joie pour n'être plus que souffrance, rancoeurs, piques odieuses, ironie grinçante et grimaces monstrueuses. Les affres de la passion dans toute leur splendeur, et l'alcool fort qui fait perdre la tête, franchir les limites, mais qui reste l'unique recours.
Mais ce qui fait aussi l'intérêt du film, et qu'il ne faut surtout pas oublier, c'est ce parallèle remarquable avec cet autre couple plus jeune, invités malheureux de cette fin de soirée orageuse, où ils avaient hésité à se rendre mais qui ne les laissera pas indemnes. Batailles d'égos, combats de coqs, révélations sordides, jeux de séduction dangereux, bonheur de façade... Au final, rien ne sera épargné à nos quatre protagonistes, les plus vieux jalousant les plus jeunes, eux-mêmes malmenés par cette vision de l'avenir amoureux pour le moins effrayante, forcément sujette aux interrogations les plus dérangeantes, notamment celle d'avoir l'avantage du choix, tant qu'il en est encore temps... Disons le tout net, on ne saura jamais qui a peur de Virginia Woolf : ce n'est, étrangement, qu'un détail. Ce qui n'en est pas un, en revanche, c'est ce film, et ce que je sais, c'est qu'il est à voir... Absolument !