Une enquête au long cours où l’on découvre les rouages d’un univers insoupçonné

« Le flux océanique de marchandise est, dit-on souvent, le flux sanguin de l’économie mondiale », c’est sur cette phrase que s’ouvre le documentaire Qui contrôle la mer ? (2015), qui dresse le portrait (inquiétant) du commerce maritime mondial en constante croissance (en 2015, 53 000 navires transportaient jusqu’à 8 milliards de tonnes de marchandises qui se croisaient sur les routes du globe) et qui pourtant, tout cela reste de plus en plus opaque (les ports sont interdits au public) ainsi qu’auprès des gouvernements (90% de l’économie mondiale se joue loin des côtes et loin des lois). Les zones d’ombre sont nombreuses dans l’univers du « shipping », surtout lorsque l’on sait que les ¾ de la flotte son enregistrées sous pavillon de complaisance (à savoir, l'équivalent maritime du paradis fiscal).


Entre l’optimisation fiscale et la souplesse administrative, on découvre les rouages d’un univers insoupçonné et le meilleur exemple reste le cas de l’Erika (le fameux pétrolier qui a fait naufrage au large de la Bretagne en 1999, causant l’une des plus importantes marées noires qu’est connue la France). Un bordel kafkaïen pour savoir à qui appartenait le navire, immatriculé à Malte et contrôlé par deux sociétés libériennes détenue par un italien qui est domicilié à Londres, le pétrolier a été affrété par une société des Bahamas, agissant par l’intermédiaire d’une société Suisse pour le compte d’une société britannique qui représente une filiale de Total basée au Panama !?¿


Le documentaire raconte aussi comment la Chine a mis un pied dans l’Europe en rachetant le port de Pirée en Grèce via la société Cosco, il lève aussi le voile sur l’inégalité salariale qui règne sur les bateaux (les salaires fluctuent en fonction des nationalités alors que les marins exercent pourtant les mêmes métiers). Une enquête très riche qui nous entraine de Shanghai à Athènes, en passant par Marseille, le canal de Suez (qui est vital pour le commerce mondial) à Rotterdam. Une enquête au long cours qui s’intéresse aux pratiques illégales des armateurs (optimisations fiscales, négligences en matière de sécurité et de risques liés à la pollution), en allant jusqu’à faire un focus sur le terrorisme avec les pirates qui évoluent en pleine mer ou aux abords du canal de Suez.


Reste à savoir maintenant si le tant redouté "The Big One" (l’attentat ou la catastrophe qui paralysera le commerce mondial et rabattra toutes les cartes) verra bel et bien le jour où s’il s’agit d’une épée de Damoclès à l’image du séisme dévastateur qui doit un jour rayer de la carte la Californie.


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le 3 avr. 2021

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