Qui de nous deux par pierrick_D_

Au départ,il y a une nouvelle insignifiante,"Le journal de bébé",écrite par une jeune fille de 17 ans,Salomé Blechmans.On aurait dû en rester là mais l'ancien acteur devenu réalisateur Charles Belmont a décidé d'en faire une adaptation ciné.Cette drôle d'idée s'explique mieux quand on sait que le vrai nom de Belmont est Blechmans.Eh oui,c'est le papa de Salomé,qui n'a pas pu résister à l'envie de dévoiler au monde ébahi,qui n'en demandait pas tant,les multiples talents de sa progéniture.Car la petite est non seulement l'auteur du texte mais elle a aussi rédigé les dialogues du film.Et tant qu'à faire,elle joue le rôle principal.Et nous en remet une louche en interprétant la chanson du générique de fin.Elle sait tout faire,Salomé!Enfin,c'est ce qu'elle croit.Bon,le financement,même modeste,a quand même été aléatoire,vu l'argument ténu de l'affaire,et on tape dans le montage type cinéma d'auteur.Interviennent donc Pyramide,Canal+ et la région Ile-de -France.Comme ça,certains abonnés et certains contribuables voient où passe leur pognon.Le film nous conte par le menu,sur fond d'image sale, la vie sans intérêt d'une lycéenne parisienne moche et stupide.On assiste à une suite de scènes ennuyeuses et répétitives étalant complaisamment les banals évènements jalonnant l'existence de cette fille emblématique de la génération avachie d'aujourd'hui.D'ailleurs,l'héroïne passe son temps vautrée,ainsi que les autres jeunes qu'on nous montre ici.Affalée sur des chaises,des lits,des canapés,des banquettes,en classe,chez elle,chez ses amies ou dans le bus.Quant à la vie de Bethsabée,puisque tel est son prénom,elle est des plus passionnantes.Elle va en cours et s'y emmerde copieusement,parce qu'étudier c'est pas fun,surtout quand on a la gueule de bois.Elle zone dans sa chambre en écoutant du M,c'est dire le niveau,et ça c'est plutôt fun.Elle deale avec ses parents,un couple de bobos invertébrés,pour pouvoir sortir en boîte,ce qui est moyennement fun.Elle s'éclate en discothèque avec ses copines aussi débiles qu'elle,moments garantis over fun.Mais surtout elle court les garçons comme une chienne en chaleur,car elle a la cramouille qui la titille,et c'est ce qu'il y a de plus méga fun.Tout ceci est donc d'une originalité folle,on n'aurait jamais pensé que la vie des ados pré-adultes ressemblait à ça.Mais ce qui fait la différence,c'est que Salomé est cultivée.Du moins voudrait-elle le faire croire,à coups de références trop trop bien.Et vas-y que je fais ma cinéphile en dansant sur la place Jacques Demy ou en appelant mon personnage Pasolini.De quoi faire gicler dans leur froc les abonnés du circuit MK2.Mademoiselle Pasolini se prénomme en outre Bethsabée,référence biblique maousse costaud,à mettre en miroir avec Salomé,autre figure de la Bible et prénom de Miss Blechmans,ce qui incite à s'interroger à propos du degré d'autobiographie contenu dans l'histoire.Mais à ce stade on s'en fout un peu.Allons-y cependant puisque la culture nous appelle.Donc,Bethsabée était l'épouse du roi David,le gars avec une fronde,celui de David et Goliath,et la mère du roi Salomon.Salomé était la fille de Philippe-Hérode et obtint d'Hérode-Antipas la tête du prophète Saint-Jean-Baptiste.En le charmant par ses danses,et l'héroïne pratique la danse dans le film,la boucle est bouclée.Surgit toutefois une scène étonnante dans "Qui de nous deux",quand une des filles se pointe avec son cousin de la campagne,qui se trouve naturellement être un arriéré et un pervers.Ben oui,il est pas de Paris le mec,donc c'est forcément un taré.Déjà,il claque quatre bises,trop la honte!Autour de Salomé superstar se déploie un casting d'inconnus.Le seul acteur un peu célèbre est Clément Sibony mais lui ça compte pas il est toujours dans les coups foireux.Sauvons cependant Maxime Kerzanet,excellent dans le rôle du frère de Bébé.La bonne nouvelle dans ce foutoir,car il y en a une,c'est qu'on n'a plus entendu parler de Salomé Blechmans depuis.Ni d'ailleurs de Charles Belmont.Il est vrai que personne n'est allé voir ce truc,hormis sans doute quelques rats de cinémathèque émoustillés par tout ce qui a plus ou moins une patine art et essai.