Un tigre de papier
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le 28 oct. 2012
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Qui marche sur la queue du tigre... est marqué par les conditions dans lesquelles il a été tourné : réalisé en pleine guerre, Kurosawa a voulu faire un film à petit budget et le résultat s’en fait ressentir. Il a été réalisé quasi entièrement en studio. Les femmes ayant quitté la capitale, il n’y a aucune actrice. Le film se base sur une pièce de Kabuki très populaire.
Si Kurosawa dispose de peu de moyens, son œuvre est soignée. Il insère des plans de la nature qui apporte une touche onirique. Les chants rythment les divers moments de cette histoire.
Celle-ci se déroule au 12e siècle. Un jeune seigneur doit fuir son frère pour sauver sa vie. Il est accompagné par ses gardes du corps et se déguisent en moines yamabushis. Qui marche sur la queue du tigre... raconte leur fuite et tire son titre du risque pris par ce groupe particulier. À partir de cette intrigue simple, Kurosawa arrive à instaurer des scènes très tendues :
- le moment où Benkei, chef des gardes lit une requête officielle de demande de don, au poste frontière pour prouver son identité de Yamabushi. Une lettre dont le rouleau est vierge et un texte qu’il invente au fur et à mesure.
- cet instant solennel et puissant où Benkei prononce les 9 incantations de la parole vraie
- Cette séquence où ils repartent tous lentement au milieu des soldats en rangs qui forment une haie menaçante.
La comédie est également présente et vient rompre les moments de tension, grâce à la présence du personnage du porteur. Homme simple qui après avoir découvert la véritable identité de ces yamabushis fait tout ce qu’il peut pour leur venir en aide. Son comportement est aussi vif et bouffon que celui des gardes du corps est solennel, grave et toute en retenue. Cette présence d’un personnage burlesque est une initiative de Kurosawa et ne faisait pas partie de la pièce de théâtre d’origine.
Autre personnage essentiel de cette histoire : le jeune seigneur fugitif. On ne voit pas son visage, il nous est montré soit de dos, soit dissimulé sous un grand chapeau qui le recouvre entièrement. Il ne dit rien, il n’agit pas, il suit le mouvement mais tout tourne autour de lui. Il est entouré d’une aura de mystère.
On attend bien sûr la scène de bataille où les samouraïs devront se battre pour leur seigneur, mais elle n’arrive pas. On est à mille lieues des films de samouraïs avec leurs incontournables combats de sabre.
Le moment le plus fort avec ce personnage est celui où Kenbei, chef des samouraïs, n’hésite pas à battre son seigneur pour le faire passer pour un simple porteur. Attitude absolument impensable vis à vis d’un seigneur. Derrière cette représentation, il y a un message : c’est par la ruse et en renversant les codes que sera sauvé l’empereur du japon.
Le visage du seigneur nous est montré à un unique moment celui où il donne son pardon à Kenbei : « Ce n’est pas ta main qui m’a frappé, c’est la main du Dieu de la guerre qui m’a protégé, dans son infinie bonté. Je t’en suis reconnaissant. » Son visage est jeune, fin et doux, il contraste avec les visages carrés et farouches de ses gardes du corps.
Qui marche sur la queue du tigre... a été achevé après la capitulation du Japon. Le pays est alors occupé par les américains qui instaurent un régime de censure. Le film est jugé trop « japonais » et « féodal », il est bloqué et ne pourra sortir qu’en 1952, après le départ des troupes américaines.
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Créée
le 19 déc. 2022
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