Un tigre de papier
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A la fin de la Seconde guerre mondiale, Kurosawa, avec déjà trois films à son actif, a de grandes idées et un grand talent. Oui mais voilà, guerre et défaite obligent, il a peu de moyens. Alors même qu'il rêvait d'un jidai-genki à la Kagemusha (il lui faudra 35 ans pour réaliser ce fantasme), il doit se contenter d'un film d'époque à petit budget. Il choisit donc une scène méga connue de l'histoire japonaise et il la raconte à sa sauce.
Un seigneur, pourchassé par son shogun de frère, s'enfuit avec un groupe de samouraïs qui se déguisent en prêtres bouddhistes afin de passer un barrage gardé par des sbires du dit shogun. Rien de bien méchant, et ça aurait pu être un film d'action très chiant. Mais pour son premier jidai-genki, Kurosawa choisit, un peu contraint financièrement, la comédie, qui ne demande finalement que des costumes et un bon scénario. Et c'est là les deux traits caractéristiques du film. La scène majeure (et qui prend une bonne partie du film) est celle de la joute verbale entre le chef des samouraïs, colosse charismatique qui essaye de passer pour un simple prêtre, et le maître du barrage, partagé entre sa fidélité au shogun et son respect des hommes de foi. Aux yeux de spectateurs, c'est tout à fait incongru : il est évident que le samouraï n'est pas un prêtre, mais jouant de ruses, d'éloquence et de sophismes, il répond du tac-au-tac à toutes les tentatives plus ou moins mesquines de le démasquer. Le deuxième trait remarquable, c'est l'introduction du personnage du porteur, sorte de Sganarelle bon et bouffon. Lui, ce n'est pas le comique de situation ou de mots, c'est le burlesque de geste. Et il inspirera nombre de personnages ultérieurs de Kurosawa, notamment l'un des Sept samouraïs joué par Toshiro Mifune.
Au final, pas un film remarquable, mais un moment étonnamment plaisant devant ce court film, le premier jidai-genki de l'Empereur.
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le 12 déc. 2024
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