En 1981, Walt Disney Productions achètent les droits d'adaptation du roman de Gary K. Wolf, "Who Censored Roger Rabbit" peu de temps après sa publication afin d'en tirer un long-métrage mêlant à la fois animation et images réelles.
Mais les premières réécritures de le l'oeuvre de K. Wolf sont difficiles, l'histoire y étant assez sombre, et la nomination de Robert Zemeckis au poste de réalisateur ne convainc pas les studios, ses dernières réalisations s'étant plantées au box-office. Le film est repoussé jusqu'à une date indéterminée.


Mais en 1985, Michael Eisner est désigné nouveau PDG de la Walt Disney Compagny et remet le projet sur le rails. Entre-temps, Robert Zemeckis a séduit les foules avec À la Poursuite du Diamant Vert et surtout Retour vers le Futur et est donc réengagé par les studios. Ces derniers décident de s'allier avec Amblin Entertainment et plus précisément, les producteurs Steven Spielberg, Kathleen Kennedy et Frank Marshall, conscients qu'un projet de cette envergure ne peut être mené par un seul studio. Spielberg le comprendra lui aussi et veillera à ce que lui et Zemeckis gardent une liberté artistique totale pour que le long-métrage soit le succès prévu.


Les origines de production très compliquées de Qui veut la peau de Roger Rabbit (Disney ayant même refusé de distribuer le film sous leur nom craignant des réactions par rapport aux allusions au sexe) ont pourtant mené à cet ensemble de tous les genres.
La plus grande force de Qui veut la peau de Roger Rabbit est assurément sa capacité à mélanger le genre du polar et celui du divertissement familial.


Sur fond d'enquête policière, le film est mené de main de maître par un Robert Zemeckis au sommet de sa forme qui enchante nos yeux et nos oreilles à chaque plan.
Quelle formidable idée de choisir comme décor le Hollywood des années 1940. Quoi de mieux pour y faire resplendir l'Âge d'Or de l'animation et la nostalgie de se replonger dans une des périodes les plus incroyables du cinéma?


Tandis que les enfants (comme les adultes) s'émerveillent devant la prouesse technique de voir leurs personnages favoris issus de Disney, Paramount et Warner en chair et en os interagir avec de vrais humains, le reste du public se régale à suivre le duo Eddy Valliant/Roger Rabbit dans cette aventure aussi noire que farfelue.
Grâce à une très bonne gestion du rythme, des séquences alternant subtilement entre humour cartoonesque principalement par la présence du lapin Roger Rabbit et drame humain par le background d'Eddy Valliant, impossible de bouder son plaisir devant une telle générosité et tant de personnages plus attachants et variés les uns que les autres.


Car Qui veut la peau de Roger Rabbit parle à nos émotions. Le concept de mélanger des personnages animés et des images réelles n'est pas neuf, Disney par exemple l'avait déjà exploité dans les années 1940 (même dans les années 1920 avec les Alice Comedies), mais Robert Zemeckis arrive, lui, à créer un univers à la fois magique et cohérent. Aucun spectateur, qu'il soit jeune ou non, ne peut résister à l'idée de voir Daffy Duck et Donald Duck s'affronter au piano, ou de voir Mickey Mouse et Bugs Bunny converser comme deux individus lambda. Le film sait exactement où nous toucher et comment nous toucher.


Film nostalgique par excellence mais avant tout grande oeuvre de cinéma, Qui veut la peau de Roger Rabbit a non seulement cartonné autant au niveau critique qu'au niveau commercial en dépassant toutes les attentes, mais il a également joué un grand rôle dans le début du futur Troisième Âge d'Or de Disney Animation qui démarrera un an après avec La Petite Sirène, en plus de confirmer l'immense talent de Robert Zemeckis.
Chef d'oeuvre absolu, il se doit d'être vu et revu encore et encore.

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le 27 juin 2016

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Walter-Mouse

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