Avec Quiet Life, Alexandros Avranas tente d’explorer les séquelles psychologiques d’un traumatisme familial à travers une mise en scène épurée, voire ascétique. Malheureusement, cette rigueur stylistique finit par étouffer toute émotion, transformant une œuvre au potentiel fort en exercice aride.
Le film a pourtant un sujet intéressant, mettant en lumière un syndrome méconnu de résignation dans un cadre qui en illustre bien les causes. On sent qu’Avranas cherche à capturer un certain réalisme clinique, en s’appuyant sur une mise en scène minimaliste et une absence presque totale de musique. Si l’intention est louable, l’exécution lasse rapidement. Les plans fixes prolongés sur des visages inexpressifs et le recours systématique au champ-contrechamp donnent presque l’impression de regarder une série d’interviews plutôt qu’un drame cinématographique. Sans accompagnement sonore pour rythmer le récit, les scènes paraissent interminables et vides d’intensité.
L’interprétation, elle aussi, peine à convaincre. Si Chulpan Khamatova s’en sort avec justesse, Grigoriy Dobrygin, lui, semble figé dans une monotonie qui n’apporte rien à son personnage. Les enfants, censés être au cœur de l’émotion, peinent à exister autrement que par leurs pleurs, comme si le film considérait cela suffisant pour susciter de l’empathie. Ce manque d’épaisseur se retrouve dans l’écriture des personnages : leur passé est réduit à un seul événement, l’attaque du père, alors que leur vie en Russie aurait pu offrir une richesse narrative bien plus convaincante.
Seule l’ironie involontaire des séances avec la psychologue apporte un semblant de relief. Avranas y frôle une mise en scène absurde qui, l’espace d’un instant, donne un peu d’épaisseur à ses personnages. Malheureusement, cette lueur disparaît aussi vite qu’elle est apparue, laissant place à une froideur clinique qui empêche toute immersion émotionnelle.
En voulant trop épurer son film, Avranas oublie de lui insuffler de la vie. Quiet Life s’enferme dans une austérité qui, au lieu de renforcer son propos, le vide de toute force dramatique. Difficile d’y voir autre chose qu’un exercice de style stérile.