Quatre courts-métrages comiques sans véritable dénominateur commun, très peu de moyens et une sortie cinéma en dépit du bon sens. Dire que la pertinence du projet Quirky Guys and Gals interroge est un euphémisme, mais on va dire que cela fait partie de la culture japonaise de se lancer dans des idées un peu folles sans se poser de questions.


On démarre avec "Cheer Girls" (4/10) de Yosuke Fujita, qui justement ne manque pas de folie mais aurait sans doute gagné à mieux l'exploiter. Cette histoire de cheerleaders philanthropes ne mène nulle part, et si l'humour plutôt barré parvient à faire ricaner 2 ou 3 fois, la réalisation reste très fauchée et trop peu inventive pour se mettre au diapason du ton très particulier instillé par Fujita.


Malheureusement "Boy? Meets Girl" (2/10) de Tomoko Matsunashi ne vient pas redresser la barre, bien au contraire. Son intrigue de sous-drama de troisième zone peine à arracher le moindre sourire avec cette histoire déjà vue de lycéen qui se travestit pour approcher la fille de ses rêves. Seule chose positive à retenir de ce long moment de solitude d'une laideur visuelle étonnante : le plan final. C'est dire.


Le troisième court est celui pour lequel j'ai spécialement acheté le DVD, puisqu'il est l'oeuvre de Mipo Oh, responsable du sublime Being Good. Mais là encore, on est bien loin de la qualité escomptée avec "Claim Night" (5/10), une illustration de la maxime "Le client est roi" dans laquelle la réalisatrice se demande jusqu'où une entreprise serait prête à aller pour satisfaire ses clients. Sous la plume de Mipo Oh, cela devient une romcom malsaine entre une femme et le représentant d'une compagnie d'électricité. Ce segment est le plus abouti cinématographiquement (toutes proportions gardées) et le rythme intrigant laisse entrevoir de bonnes choses, mais la chute tombe à plat et laisse sur sa faim. Presque qualitatif, mais frustrant.


A ce stade, et même si le dernier court ne vole pas forcément très haut, on l'accueille d'autant mieux qu'il s'agit enfin d'une vraie réussite comique. "The House Full of Abandoned Businessmen" (7/10) de Gen Sekiguchi raconte comment une femme au foyer se met à recueillir chez elle des hommes d'affaires fraîchement licenciés. Malgré la réalisation là encore purement télévisuelle, les situations font mouche. Et la chute, bien qu'attendue, a le mérite de boucler la boucle contrairement à ses prédécesseurs. Un vrai bon petit court sans prétention qui sauve les meubles.

magyalmar
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le 9 nov. 2019

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