Pétard mouillé.
Les bonnes idées (et probablement les bonnes intentions) ne font pas toujours les meilleurs films c’est bien connu. « Rabia » en est la preuve parfaite et malheureuse. L’artiste allemande Mareike...
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le 7 nov. 2024
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Les bonnes idées (et probablement les bonnes intentions) ne font pas toujours les meilleurs films c’est bien connu. « Rabia » en est la preuve parfaite et malheureuse. L’artiste allemande Mareike Engelhardt a aussi peut-être eu les yeux plus gros que le ventre pour une première œuvre. Le sujet, à la fois abrasif et passionnant, des français qui partent faire le Djihad pour Daesh et l’État islamique est peu traité au cinéma. On a eu le remarqué film belge « Rebel » sur ce thème et quelques autres films qui effleurent le sujet mais c’est encore quelque chose de peu appréhendé. Avec cet essai courageux, la néo-cinéaste choisit en plus d’aborder cela sous un angle purement féminin puisque cela concerne uniquement des jeunes femmes. Malheureusement, si la proposition et la note d’intention étaient clairement alléchantes, le résultat est très décevant. « Rabia » passe souvent à côté de son sujet, se révèle souvent malhabile dans la manière de le traiter et on sent que la réalisatrice ne dispose pas du bagage nécessaire pour rendre une copie probante sur quelque chose de très pointu et délicat à aborder. De ce fait, son script comme ses images bottent en touche, comme si elle était effrayée par l’aspect hautement explosif de la chose. On se retrouve donc face à un huis-clos dans un centre de formation pour ces femmes qui se révèlera plus une maison close avec des femmes mises à disposition sexuelle des combattants comme « épouses » ainsi qu’à la relation presque maternelle entre le personnage principal et la directrice des lieux. Sauf que le Djihad restera en arrière-plan, que tout cela est mal amené et que ce qu’on nous raconte ne s’avère guère captivant.
On aurait aimé connaître et surtout comprendre les motivations de ces jeunes femmes qui quittent tout pour partir à l’autre bout du monde pour un combat religieux. Mais « Rabia » évacue le pourquoi et le comment en deux ou trois séquences brèves et faciles en France. On peut donc dire que ça commence mal et qu’on a du mal à s’identifier à ces deux jeunes filles. Une fois en Syrie, dans cette maison de « formation », on adopte quasiment la forme d’un film de prison au féminin situé au Proche-Orient. Alors oui, cela indique comment cela se passe pour ces femmes qui deviennent finalement des épouses à marier plus que des combattantes mais ce n’était pas le sujet du film et un documentaire aurait peut-être mieux convenu que ce long-métrage pas toujours bien écrit. Par exemple, les changements de comportement et les privilèges vite accordés à Jessica manquent de nuances. Comme s’il manquait des scènes de liant pour étayer la psychologie et les actions du personnage. Tout se fait de manière trop rapide et mécanique pour qu’on y croit. Bref, « Rabia » n’en demeure pas moins vite ennuyant et terne, confinés que sont les personnages dans cette triste bâtisse, avec des seconds rôles peu creusés. Le dernier acte en forme de désillusion est plus poignant avec quelques bons moments et des bonnes idées mais également trop vite traitées ou évacuées. Et puis il y a la grande Lubna Azabal qui empoigne ce rôle de gérante des lieux opposé à celui du magistral et magnifique « Amal, un esprit libre » avec la grâce et le talent qu’on lui connaît. Cela ne sauve pas le film de l’anecdotique et du raté mais ça fait passer un peu la déception.
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le 7 nov. 2024
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