France, fin des années 80. Yves Boisset a déjà plus d'un film de qualité à son actif, et décide alors de réaliser une variation du célèbre Corbeau de Henri-Georges Clouzot : en résulte Radio Corbeau, correct mais décevant long métrage si l'on considère les films précédents d'un réalisateur encore et toujours abonné aux charges politiques, sociales et morales constituant le ciment d'une Oeuvre éminemment engagée.
Fort d'un casting alléchant et varié ( on y voit surtout un Pierre Arditi altier mais sympathique, mais également Claude Brasseur dans le rôle principal, et Jean-Pierre Bisson, Jean-Claude Dreyfus ou encore Clément Harari en seconds couteaux...) Radio Corbeau tient place dans un village du Jura en proie à la délation et à la mesquinerie du genre humain, le tout régi par une émission radiophonique enchaînant les rumeurs sur les ressortissants de la commune... Si le film a tout pour plaire de prime abord ( distribution hors-paire peuplée de tronches et d'excellents comédiens et comédiennes, mise en scène au service d'un propos résolument rentre-dedans, etc...) il ne décolle jamais véritablement et s'avère surtout cruellement redondant dans son rythme et sa narration scandée par les ragots proférés par-delà les ondes...
Au final Yves Boisset garde la face en tirant à boulets rouges sur la petitesse franchouillarde évoquant directement les heures noires du régime de Vichy mais se repose trop sur ses intentions et ses jugements, omettant d'insuffler une réelle ampleur à un métrage sans transcendance aucune. Une déception pour un film finalement très secondaire dans la carrière tout à fait respectable du plus grand franc-tireur du cinéma hexagonal...